Les relations entre l’Algérie et la France traversent une nouvelle période de tensions. L’historien Benjamin Stora analyse les enjeux et les conséquences possibles d’une éventuelle rupture diplomatique entre les deux pays.
Une détérioration progressive des relations
Depuis plusieurs mois, les tensions entre l’Algérie et la France ne cessent de s’intensifier. Entre déclarations polémiques et escalades verbales, notamment de la part de figures de l’extrême droite française, la situation se complique. L’historien Benjamin Stora, spécialiste des relations franco-algériennes, constate une dégradation progressive du dialogue, largement alimentée par une vision biaisée de l’Algérie dans certains médias français. Il pointe du doigt le manque de connaissance et de recul historique de certains commentateurs qui, sans jamais avoir mis les pieds en Algérie, se permettent d’en dresser des critiques systématiques. Cette situation suscite une réaction légitime de la part des autorités algériennes, qui perçoivent ces attaques comme une remise en cause de leur souveraineté et de leur histoire.

Un risque de rupture aux conséquences majeures
L’éventualité d’une rupture diplomatique entre l’Algérie et la France inquiète Benjamin Stora, qui en souligne les répercussions profondes. Avec une importante communauté franco-algérienne et des liens humains et économiques étroits, une telle scission aurait un impact direct sur des millions de personnes. Les restrictions sur les visas, le ralentissement des échanges commerciaux et la fragilisation des relations culturelles figurent parmi les conséquences les plus redoutées. Pourtant, selon l’historien, il reste possible d’éviter cette issue. Il plaide pour un dialogue constructif, débarrassé des surenchères mémorielle et politique. « L’histoire a lié ces deux nations pendant deux siècles », rappelle-t-il, insistant sur la nécessité de bâtir un avenir basé sur la reconnaissance mutuelle et la coopération plutôt que sur l’opposition et la crispation.