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L’incroyable mise en scène de la Police algérienne pour détourner l’attention de l’opinion publique des enregistrements vidéos de Guermit Bounouira

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Elément primordial du contrôle social, la stratégie de la diversion consiste à détourner l’attention du public des problèmes importants et des mutations décidées par les élites politiques et économiques, grâce à un déluge continuel de distractions et d’informations insignifiante. C’est exactement ce qui est en train de se produire ces dernières 48 heures en Algérie avec la fameuse affaire des « influenceurs » et les 75 étudiants algériens escroqués à l’étranger.

La Direction Générale de la Sûreté Nationale (DGSN), à savoir la Police algérienne, s’est lancée officiellement dans le « cinéma de mauvais goût » en diffusant des vidéos sur les réseaux sociaux et à la télévision d’Etat, l’ENTV, des témoignages des personnes encore suspectées, puisqu’aucune instance judiciaire ne les a encore condamnées, d’avoir planifié cette escroquerie dont ont été victimes 75 étudiants.

Ces témoignages relèvent tout bonnement d’une grossière mise en scène dont le but est d’uniquement susciter le buzz pour attirer la curiosité d’un large public. Et pour ce faire, toute la mise en scène est axée sur le rôle des influenceurs algériens à savoir Rifka, Stanley et Numidia Lezoul, qui serait même en état de fuite, selon la DGSN. Ces influenceurs suivis et aimés par des millions de « suiveurs », de « fans », sont accusés de tous les maux : racket, chantage, complicité avérée dans l’escroquerie ciblant des étudiants infortunés, les témoignages ont été réalisés de sorte à transformer une simple affaire d’escroquerie en un immense scandale alimentant les potins des People.

La mise en scène va jusqu’à dévoiler l’argent qui aurait été perçu par les jeunes influenceurs aimés et adorés par les internautes algériens. Des sommes en plusieurs centaines de millions de centimes, à savoir des montants qui n’ont rien d’inédit lorsqu’on mesure la popularité d’un Rifka ou d’une Numidia Lezoul, considérés comme de véritables stars des réseaux sociaux. Mais tout est orchestré par la DGSN pour faire croire aux Algériennes et Algériens que promouvoir les offres commerciales élaborées diaboliquement par un escroc est… en soi une participation directe à l’escroquerie. Il n’y a qu’en Algérie où de tels raisonnements sont qualifiés de « vérités immuables ». Avant même d’être jugé équitablement par les magistrats, les policiers algériens ont inculpé, accablé et condamné les influenceurs les plus célèbres de Facebook, Instagram, Snapchat ou TikTok en Algérie.

Toute l’affaire repose sur le témoignage, les pratiques et la version des faits d’un certain Oussama Rezzagui, un escroc notoire qui avait été dénoncé depuis mars 2021 par une publication d’Algérie Part s’agissant de ses méthodes malhonnêtes de soutirer de l’argent à des étudiants infortunés désireux de poursuivre leurs études à l’étranger.

En effet, le 21 mars 2021, Algérie Part avait tiré la sonnette d’alarme en révélant l’implication de ce personnage sulfureux dans une machination ordurière ayant permis d’arnaquer une vingtaine d’étudiants inscrits dans des universités ukrainiennes pour obtenir des diplômes d’études supérieures. Algérie Part avait révélé comment ces étudiants algériens ont été victimes d’une escroquerie unique en son genre. Partis à Kiev pour bénéficier des formations dispensées par des universités ukrainiennes, ces étudiants algériens ont découvert qu’ils ont été pris au piège par une société privée qui leur a vendu le rêve ukrainien pour finalement… les arnaquer financièrement et les soumettre à un chantage immoral.

A l’époque, les services de sécurité n’avaient pas bougé le petit doigt. Mais depuis plus de 48 heures, il semble que toute la DGSN s’est mobilisée pour neutraliser un soi-disant « réseau dangereux » d’escrocs.

Il est vrai que dans cette affaire, 75 étudiants algériens ont été victimes d’escroquerie d’une société fictive qui a proposé, sur les réseaux sociaux, à ces derniers des offres alléchantes, leur faisant croire à la possibilité de s’inscrire pour poursuivre les études dans des universités étrangères (Ukraine, Turquie et Russie). Mais est-ce pour autant un scandale d’Etat qui mérite l’instrumentalisation de la télévision officielle et la diffusion des images privées des principaux accusés avec un montage qui privilégie une version des faits au détriment de la neutralité de l’enquête policière ? Bien sûr que non.

En vérité, la DGSN a monté ce scénario rocambolesque dont le seul but est de recourir ç la fameuse « stratégie de la diversion » pour empêcher le public de s’intéresser aux questions essentielles de l’actualité algérienne. Et comme par hasard, la mise en scène de la DGSN intervient au moment où les réseaux sociaux et le Web algérien sont offusqués chaque jour par les révélations fracassantes des enregistrements vidéos ayant fuité depuis la prison militaire de Blida. Des accusations de corruption, de trafic d’influence, d’armes et de drogues qui ciblent les dirigeants militaires les plus influents du pays. Un scandale d’Etat, un vrai celui-là. Mais pour étouffer la vérité, il n’y a mieux qu’un gros mensonge. Et pour que le mensonge captive les esprits, il est fondamental de garder l’attention du public distraite, loin des véritables problèmes sociaux ou politiques. C’est le principe élémentaire de la propagande et de la manipulation des masses. Les Algériens ne sont pas dupes.

 

 

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