Le procureur requiert des peines plus lourdes pour le chercheur et le journaliste algériens. Leur sort en appel est incertain.
Le sort du chercheur algéro-canadien Raouf Farrah et du journaliste Mustapha Bendjama, incarcérés depuis huit mois en Algérie, est à nouveau incertain. Le procureur de la Cour d’appel de Constantine a requis des peines plus lourdes à leur encontre, faisant craindre une situation critique pour ces deux hommes.
En août, Raouf Farrah et Mustapha Bendjama avaient été condamnés en première instance à deux ans de prison ferme chacun. Les charges retenues contre eux incluent la « publication d’informations et de documents dont le contenu est classé partiellement ou intégralement secret, sur un réseau électronique ou d’autres moyens technologiques de médias ». De plus, Raouf Farrah a été condamné pour « réception de fonds d’institutions étrangères ou intérieures dans l’intention de commettre des actes qui pourraient porter atteinte à l’ordre public ». Son père, Sebti, âgé de 67 ans, a également été condamné à un an d’emprisonnement avec sursis pour le même motif.
Les deux hommes ont fait appel de leur condamnation, espérant pouvoir être acquittés. Cependant, lors de la dernière audience, le procureur a requis l’aggravation des peines. Cette décision suscite l’inquiétude et l’incertitude quant à leur sort. L’affaire a été mise en délibérée pour le 26 octobre, laissant planer une incertitude sur l’avenir de ces deux détenus.
L’arrestation de Mustapha Bendjama remonte au 8 février, lorsqu’il a été appréhendé dans les locaux du journal francophone Le Provincial, basé à Annaba, dont il est le rédacteur en chef. Selon des avocats et des médias, les services de sécurité ont trouvé dans son téléphone des preuves de contacts entre MM. Bendjama, Farrah, d’autres personnes et l’ONG anti-corruption Global Integrity Index (GII).
Devant le juge, Mustapha Bendjama a expliqué avoir compilé, pour le compte de GII, « un rapport déclinant 54 indicateurs socio-économiques en contrepartie de 1 500 dollars ». Cette collaboration ponctuelle lui avait été confiée par Raouf Farrah. N’ayant pas de compte en devises, l’argent avait été versé sur le compte de M. Farrah, qui a fait remettre les 1 500 dollars convertis en dinars à M. Bendjama. Celui-ci a reconnu en justice avoir enfreint la réglementation des changes.
Le chercheur-analyste Raouf Farrah, membre de l’organisation Global Initiative Against Transnational Organized Crime (GI-TOC), avait été arrêté le 14 février. La situation en appel de ces deux hommes soulève des préoccupations quant à la liberté d’expression et aux droits de l’homme en Algérie.