Les contagions au Covid-19 sont en chute depuis plusieurs semaines au Maghreb. Toutefois, la nouvelle flambée du virus en Europe fait craindre l’apparition d’une 4e vague au niveau de la région. Les autorités des pays redoublent donc d’efforts pour éviter le scénario catastrophique de la 3e vague.
Le traumatisme de la 3e vague de contagion au Covid-19 reste encore vivace dans les trois pays du Maghreb que sont l’Algérie, le Maroc et la Tunisie, où le variant Delta d’origine indienne a fait de nombreuses victimes, avec des pics de contaminations quotidiennes et des impacts économiques considérables.
Tirant les leçons du passé récent, le Maroc, la Tunisie et l’Algérie se préparent à affronter une nouvelle vague à laquelle ils sont certains de ne pouvoir échapper. Elle fait déjà des ravages en Europe en termes de contaminations poussant certains pays à revenir au confinement et à rendre la vaccination obligatoire. C’est le cas de l’Autriche qui a décidé de confiner l’ensemble de sa population à partir du lundi 22 novembre 2021 et de rendre la «vaccination obligatoire» à partir de février 2022. Elle devient ainsi le premier pays de l’Union européenne à prendre des mesures aussi radicales depuis la résurgence des cas de Covid-19 au niveau européen. De plus, l’hiver qui approche est propice à la propagation du coronavirus.
Autant de facteurs qui poussent les dirigeants des pays maghrébins, très liés par des flux de voyageurs aux pays européens, à prendre des mesures pour atténuer les effets de cette nouvelle vague. Et à ce titre, le Maroc est en avance en matière de prévention. Durement touché par la 3e vague du Covid-19, le Royaume anticipe l’arrivée de cette nouvelle vague en multipliant les initiatives. Avec seulement 72 nouveaux cas enregistrés lors de la journée du 19 novembre, pour plus de 9.563 tests réalisés, et seulement 3 décès, le pays est très loin du pic de plus de 12.000 cas enregistrés en une journée en août dernier. C’est dire que la situation sanitaire n’est plus inquiétante.
Toutefois, conscient du risque, les autorités marocaines ont décidé de renforcer le dispositif de contrôle pour l’accès au territoire marocain, selon un communiqué interministériel de suivi du Covid-19, publié le 13 novembre, et ce dans le cadre des mesures sanitaires préventives imposées par un contexte marqué par l’augmentation des cas de contamination dans le voisinage européen.
Dans ce cadre, depuis le jeudi18 novembre, outre l’obligation du pass sanitaire et des tests PCR négatifs pour les personnes en provenance des pays de la liste B du Royaume, tous les voyageurs entrants doivent remplir une fiche sanitaire du passager, à télécharger en ligne avant embarquement (distribué aussi à bord des avions ou des navires). De plus, ils sont désormais soumis à un double contrôle, par caméras thermiques et thermomètres électroniques, ainsi qu’à des tests antigéniques.Et toute personne qui sera contrôlée positive sera tenue de reprendre le même avion ou bateau pour rentrer dans le pays de provenance, à la charge totale de la compagnie de transport, hormis les Marocains et les personnes disposant d’une résidence permanente au Maroc.
Pour assurer ces contrôles sanitaires renforcés, plusieurs équipes sanitaires ont été déployées dans les aéroports et ports du Royaume. Par ailleurs, le Comité scientifique élargi a appelé, vendredi 19 novembre, à une adhésion massive à la campagne nationale de vaccination afin d’éviter la recrudescence des cas de Covid-19 en hiver. Celui-ci a souligné la nécessité de faire preuve de vigilance pour prévenir une éventuelle détérioration de la situation épidémiologique et explique que la vaccination demeure la solution idoine pour progresser vers l’immunité collective et le retour à la vie normale.
A noter que le Maroc est le pays africain ayant le plus vacciné sa population avec 24,38 millions de personnes ayant reçu la première dose, 22,52 millions ayant été totalement vaccinés et 1,6 million ayant reçu leur 3e dose. Depuis le déclenchement de la pandémie du Covid-19, le Maroc compte un cumul de 948.704 cas, pour 930.767 guérisons, 14.758 décès et 3.180 cas encore actifs. La Tunisie, qui a été débordée par l’ampleur de la 3e vague à cause notamment des décisions politiques d’ouverture des frontières mal calculées, craint elle aussi la survenance d’une 4e vague de contagion au Covid-19 du fait des indicateurs sanitaires non rassurants dans les pays européens, particulièrement en Allemagne, Espagne, Pays-Bas…
Malgré un faible nombre de cas enregistrés au cours de ces derniers jours (86 cas lors de la journée du 18 novembre), les autorités tunisiennes mettent l’accent sur les mesures préventives et surtout l’intensification des campagnes de vaccination. Et ce, au moment où un relâchement des gestes barrières et une lassitude à l’égard de toutes les mesures de distanciation et de port des masques sont constatés. Ainsi, plus d’un million de Tunisiens âgés de plus de 40 ans, non encore vaccinés, sont priés de se présenter dans les centres de vaccination afin de se protéger des formes graves du Covid-19.
Et pour pousser les Tunisiens à adhérer à ce mode de prévention, il est question d’imposer un confinement obligatoire aux personnes non-vaccinées si jamais la situation sanitaire venait à s’aggraver. La Tunisie qui compte le plus de décès liés au Covid-19 au niveau du Maghreb, avec 25.334 morts pour un total de 716.074 cas confirmés (3,14 millions de tests Covid-19 réalisés) a déjà vacciné complètement plus de 4,7 millions de personnes, atteignant un taux de vaccination de 50%. Quant à l’Algérie, depuis plusieurs semaines, les autorités du pays n’ont cessé de multiplier les avertissements quant à la survenance probable d’une 4e vague de contagion au Covid-19.
D’ailleurs, après avoir descendu sous la barre des 100, les contaminations commencent à remonter atteignant 163 nouveaux cas lors de la journée du 19 novembre, alors que le nombre de tests réalisé est négligeable. Les autorités sanitaires tirent donc la sonnette d’alarme et expliquent que la situation épidémiologique actuelle exige de tout citoyen vigilance et respect des règles d’hygiène et de distanciation physique, en insistant sur le respect du port du masque. Le directeur général de l’Institut Pasteur d’Algérie, Fawzi Derrar a même avancé que la 4e vague du Covid-19 aurait déjà commencé fin octobre en Algérie.
Certains professionnels du secteur de la santé n’hésitent pas a plaidé en faveur de l’obligation vaccinale, face à la réticence des Algériens face aux vaccins. Et pour pousser davantage les Algériens à se faire vacciner, il est question d’instaurer le pass sanitaire dans les lieux publics, dont les université où seulement 0,5% des étudiants sont vaccinés.
Selon le ministre de la Santé, Abderrahmane Benbouzid, il y a seulement 5 millions d’Algériens qui sont totalement vaccinés et 6 autres millions n’ont pris qu’une dose, au moment où le pays dispose d’un stock de 13 millions de doses et 7 autres millions devant être livrés en décembre. En somme, en Algérie, on est loin de prendre les mesures nécessaires pour contrer et atténuer les effets d’une 4e vague sur une population faiblement vaccinée. Depuis l’apparition de la pandémie du Covid-19, l’Algérie a enregistré officiellement 208.532 cas pour 143.022 guérisons et 6.009 décès. Toutefois, ces chiffres sont considérés comme loin de refléter la réalité du fait de la faiblesse des tests anti-Covid-19 réalisés par les autorités.
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