La tension monte entre Paris et Alger. Suite au refus de l’Algérie d’accepter la liste des citoyens algériens que le ministre français de l’Intérieur, Bruno Retailleau, souhaite expulser, un membre du gouvernement français propose de rappeler l’ambassadeur de France en Algérie, Stéphane Romatet. Cette proposition a été faite par le ministre de la Justice, Gérald Darmanin.
Le lundi 17 mars, le ministère des Affaires étrangères algérien a publié un communiqué rejetant totalement la demande française et affirmant que les expulsions devraient être examinées individuellement.
Crise France – Algérie : Darmanin pour une riposte graduée
Ce mardi matin, lors d’une interview sur TF1, Gérald Darmanin a répondu aux questions concernant ce que l’on a appelé une « humiliation ». Le ministre de la Justice, anciennement ministre de l’Intérieur de 2020 à 2024, a réfuté cette idée en déclarant : « Ce n’est pas une humiliation ». Darmanin a souligné la nécessité de faire comprendre à l’Algérie, ainsi qu’à d’autres nations, l’importance de reprendre leurs citoyens que la France ne souhaite plus accueillir. « C’est un acte de souveraineté », a-t-il insisté, « et l’Algérie doit l’accepter ».
Il a aussi admis que les relations avec les pays du Maghreb ont toujours été conflictuelles, notamment durant son mandat au ministère de l’Intérieur avec lequel il a dû mener des négociations très difficiles pour atteindre un taux d’expulsion de 40%. Darmanin a également rappelé avoir pris des mesures strictes, comme réduite de moitié le nombre de visas délivrés aux Algériens. Il a aussi exprimé son accord avec Bruno Retailleau sur l’approche d’une « riposte graduée » envers l’Algérie, commençant par le rappel de l’ambassadeur français en Algérie.
Il a mentionné que le poste d’ambassadeur d’Algérie en France est vacant depuis le retrait de Saïd Moussi le 31 juillet, le jour où la France a reconnu la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental.
Gérald Darmanin veut le rappel de l’ambassadeur de France en Algérie
Gérard Darmanin affirme qu’il est nécessaire de rappeler l’ambassadeur français toujours présent à Alger. Il propose par ailleurs comme seconde mesure de la « riposte graduée » de suspendre les exemptions de visas pour les détenteurs de passeports diplomatiques algériens, qui facilitent, selon lui, les déplacements en France des dirigeants algériens et de leurs familles. Il conclut en disant qu’il n’y a pas de raison pour que la France maintienne sa générosité envers l’Algérie.
Darmanin envoie des signaux contradictoires concernant l’Algérie
Bien que le ministre français de la Justice soit en accord général avec son homologue de l’intérieur, il adopte un ton plus mesuré. Il souligne l’importance de dialoguer avec l’Algérie, critiquant au même temps les positions agressives de certains extrémistes, y compris Marine Le Pen, qui selon lui, n’a pas l’expérience de la gestion des relations internationales avec des pays importants comme l’Algérie, le plus grand pays d’Afrique.
Il reconnaît la nécessité de communiquer avec l’Algérie, tout en précisant qu’il ne faut pas être naïf dans ces discussions, et n’écarte pas la possibilité de mettre fin au traité franco-algérien de 1968 dans les semaines à venir. De son côté, Bruno Retailleau a réagi rapidement le lundi soir suite à la réponse de l’Algérie à sa proposition, confirmant le lancement d’une riposte graduelle, déjà envisagée par le comité interministériel dirigé par le Premier Ministre.
Il a annoncé sur TF1-LCI que la première étape serait la suspension de l’accord de 2007 qui exemptait de visa les détenteurs de passeports diplomatiques.