Le procès concernant l’assassinat de Chahinez Daoud, une femme d’origine algérienne qui a été tuée par immolation en 2021 à Mérignac, s’est ouvert à la cour d’assises de la Gironde. Quatre ans après ce féminicide, Mounir Boutaa, son ex-mari et suspect principal, est jugé.
Ce cas tragique a mis en lumière de sérieuses lacunes dans le système judiciaire et policier français, provoquant un débat essentiel sur la sécurité des femmes exposées à la violence domestique.
Une existence caractérisée par la brutalité
Chahinez Daoud, 31 ans et mère de trois enfants, a subi des violences répétées de la part de son ex-mari, Mounir Boutaa, âgé de 48 ans. Leur relation, débutée en Algérie en 2015, fut marquée par plusieurs ruptures et réconciliations. Suite à une condamnation en 2020 pour violences conjugales, Chahinez a choisi de s’éloigner de Boutaa. D’après La Croix, en mars 2021, elle a porté plainte contre lui, ajoutant un nouvel épisode à ses tentatives de se protéger.
Malheureusement, à cause d’une erreur de saisie faite par un policier précédemment sanctionné pour violences domestiques, cette plainte n’a pas été correctement enregistrée, une négligence qui s’avérera tragique.
Le tragique événement du 4 mai 2021, un féminicide violent
Le 4 mai 2021, une tragédie abominable eut lieu. En liberté conditionnelle, Mounir Boutaa poursuivit et agressa sa victime dans la rue. Armé d’un fusil, il tira sur ses jambes, puis l’arrosa d’essence et y mit le feu, enregistrant une partie de l’agression avec son téléphone.
Le corps de Chahinez Daoud fut découvert presque complètement brûlé, résultat d’un assassinat aussi cruel qu’inhumain. Cette explosion de violence n’était pas un acte isolé, mais le résultat final de mois de harcèlement et de surveillance incessante par son ancien époux.
L’échec des autorités à gérer la violence domestique
Le jugement a aussi exposé plusieurs failles dans le fonctionnement des institutions françaises. Selon l’enquête, des précautions, comme la mise en place d’un bracelet anti-rapprochement pour l’agresseur, n’ont pas été appliquées malgré la gravité des accusations portées par la victime.
De surcroît, il a été découvert lors d’un contrôle que la plainte de Chahinez n’avait pas été correctement enregistrée, ce qui a causé un retard dans l’intervention des autorités. Ces manquements ont mené à des mesures disciplinaires à l’encontre de plusieurs agents de police, mettant en évidence les insuffisances du dispositif de protection des femmes en France.
La capacité de jugement de l’accusé était-elle altérée ?
Durant son interrogatoire, Mounir Boutaa a affirmé qu’il n’avait pas l’intention de tuer sa conjointe mais de la sanctionner pour les préjudices qu’il croyait avoir subis suite à sa condamnation. Ses avocates ont avancé que des analyses psychiatriques ont montré une altération du jugement de l’accusé au moment de l’incident, suggérant que cela pourrait avoir influencé son comportement lors de l’agression. Cependant, la brutalité de l’acte et son propre aveu de vouloir « brûler » sa victime indiquent une préméditation de son geste.
Cette tragédie est un exemple de plus des violences faites aux femmes en France, un phénomène trop répandu. En 2023, 96 femmes ont été assassinées par leur partenaire ou ex-partenaire, un nombre en diminution mais toujours préoccupant. Ce procès met en lumière l’urgence de renforcer les mesures de protection et de répondre plus efficacement aux signalements de violences domestiques.