De nombreux spécialistes de l‘industrie agricole en France sont préoccupés par la diminution de leurs parts de marché en Algérie. Après la diminution des exportations de céréales, de poudre de lait et de bétail, c’est maintenant le secteur des semences qui est touché. La question centrale pour l’agriculture algérienne est sa capacité à développer une production nationale de semences.
Impact économique sur l’agriculture française
Nicolas Baverez a exprimé ses inquiétudes dans Le Figaro, décrivant une situation où l’agriculture française passe d’un déclin lent à un véritable effondrement. Il souligne que l’excédent commercial, autrefois substantiel, a chuté à 350 millions d’euros sur les huit premiers mois de 2025, bien en deçà des 4,5 milliards enregistrés en 2024. Pour la première fois depuis quarante ans, cet excédent pourrait être nul ou même négatif en 2025. L’Union française des semenciers (UFS) met en avant des défis pour le secteur. Bien que la demande pour le maïs et les céréales augmente, les marchés se ferment en Russie, en Ukraine et en Algérie, qui deviennent de plus en plus autonomes et protectionnistes.
La transition du marché algérien
Environ 59 % des semences produites en France sont destinées à l’exportation. Toutefois, les marchés russe et ukrainien, qui représentaient ensemble jusqu’à 7 % de ces exportations durant 2023-2024, se réduisent progressivement. Pour la Russie, les semences sont un secteur stratégique, bénéficiant de vastes investissements et de programmes de recherche qui favorisent l’autosuffisance. L’Algérie suit une tendance similaire, refusant certains lots français pour des raisons politiques. Alors que les exportations de semences vers l’Algérie ont atteint 18 millions d’unités, cela représente une baisse de 6 % par rapport à l’année précédente. Cette baisse n’est pas compensée par l’augmentation de 20 % des exportations de plants de pommes de terre.
Vers une autonomie semencière accrue
Depuis 1995, l’Algérie ne dépend plus des importations pour ses semences céréalières, exploitant et commercialisant exclusivement des variétés locales grâce à l’Office Algérien Interprofessionnel des Céréales (OAIC). Ce bureau a investi dans du matériel turc pour multiplier ses stations d’usinage de semences. Pour les pommes de terre, la production locale reste délicate. Une étude du Centre de recherche en économie appliquée au développement montre une forte dépendance aux plants importés, malgré les tentatives d’améliorer la production domestique par des techniques avancées comme la micro-propagation in vitro. Bien que l’UFS rappelle son statut de leader mondial des exportations de semences, il y a des inquiétudes pour l’avenir. L’Algérie, quant à elle, voit les avantages de la réduction de sa facture d’importation grâce aux progrès dans la production de semences locales, notamment après l’intérêt croissant de laboratoires privés. Des partenariats avec des pays étrangers restent essentiels pour développer d’autres filières comme le maraîchage et les oléagineux, insuffisamment développées au niveau local.