Professeur engagé, penseur critique et homme de cœur, Omar Aktouf laisse derrière lui un héritage intellectuel et humain immense. Son parcours, entre résistance et générosité, continue d’inspirer ceux qui cherchent une économie au service de l’humain.
Omar Aktouf,un éclaireur radical de la pensée managériale
Omar Aktouf n’était pas de ceux qui enseignent pour répéter. Il enseignait pour bousculer, pour provoquer la réflexion, et surtout pour réhumaniser la gestion et l’économie. Infatigable critique du néolibéralisme, il appelait à repenser la place de l’homme dans un système obsédé par les chiffres et la rentabilité. Refusant la spécialisation étroite, il croyait au savoir vaste, croisé, incarné, celui qui puise dans l’anthropologie, la philosophie, la psychologie et l’économie.
Ancien enfant berger privé d’école, devenu orateur magistral et professeur aux quatre coins du monde, il incarnait cette revanche douce sur l’adversité, cette volonté farouche d’apprendre et de transmettre. Il invitait ses étudiants à remettre en cause les dogmes et à reconnecter la pensée à la justice, à la terre, et aux autres. Il ne se contentait pas de dénoncer un système : il proposait des alternatives concrètes, nourries d’une vision profondément humaine du savoir.

Une vie de partage, d’art et de combat
Au-delà de ses cours et de ses écrits, Aktouf fut un homme généreux dans tous les sens du terme. Généreux de son temps, de son écoute, et même de ses revenus, reversant ses droits d’auteur à des fonds d’aide pour étudiants. Il s’engageait sans réserve pour les causes qu’il estimait justes, notamment pour la Palestine, sans jamais plier face aux attaques personnelles que cela suscitait.
À la fin de sa vie, il retrouvait une paix intérieure dans la poésie arabe classique et dans les rythmes de la batterie, son instrument de prédilection. Il avait appris l’arabe littéraire sur le tard, mû par une passion sincère pour cet univers poétique. Humaniste, curieux, combattant des idées formatées, il laisse un vide immense dans le monde académique. Mais sa voix, ses silences et ses choix continueront de résonner dans l’esprit de ceux qu’il a formés. La pensée d’Aktouf était une insurrection douce : elle ne meurt pas, elle se propage.