La suspension du programme PICA au Nouveau-Brunswick surprend candidats et employeurs. Quels impacts sur l’immigration dans l’est du Canada ? Analyse et alternatives.
Un coup d’arrêt brutal dans l’est du Canada
Le gouvernement du Nouveau-Brunswick a annoncé, ce 4 avril 2025, la suspension immédiate du Programme d’immigration au Canada atlantique (PICA). Cette décision inattendue intervient après que la province a atteint son quota annuel de candidatures. Pour des milliers de travailleurs qualifiés étrangers et de diplômés internationaux, c’est une douche froide. Le PICA représentait en effet l’une des principales voies d’accès à la résidence permanente dans l’est du pays.
Désormais, toutes les nouvelles demandes sont systématiquement rejetées. Les employeurs qui n’étaient pas encore enregistrés auprès du programme n’ont plus la possibilité d’y adhérer. Seules les entreprises déjà désignées peuvent, pour l’instant, continuer à soumettre des candidatures. Cette mesure restera en vigueur jusqu’à la fin de l’année 2025, avec une éventuelle réouverture prévue début 2026. Les dossiers déposés avant la date de suspension seront néanmoins traités normalement, a précisé la province.
Immigration au Canada : Une décision qui soulève inquiétudes et critiques
La suspension du PICA soulève de vives réactions. Elle met en lumière les limites de la capacité d’accueil du Nouveau-Brunswick et, plus largement, l’écart croissant entre la demande internationale et les capacités régionales d’intégration. En 2024, ce programme avait permis à plus de 3 000 candidats d’obtenir la résidence permanente. Un chiffre qui confirme son rôle stratégique dans l’attractivité économique de la région.
Cette interruption fragilise non seulement les projets d’immigration de nombreux candidats, mais elle menace également les efforts des entreprises locales qui comptaient sur ce dispositif pour combler leurs besoins en main-d’œuvre qualifiée. Pour plusieurs observateurs, cette décision illustre les tensions croissantes entre politiques migratoires, objectifs économiques et réalités administratives.
Des alternatives encore accessibles, mais plus sélectives
En dépit de cette suspension, le gouvernement provincial rappelle que d’autres voies d’immigration restent disponibles. Le Programme des candidats des provinces (PCP) permet à chaque province de sélectionner des profils selon ses priorités économiques. Ce mécanisme reste une option pertinente pour les travailleurs qualifiés, bien qu’il soit soumis à une forte concurrence.
Le système fédéral Entrée express continue également d’attirer de nombreux profils à haut potentiel. Basé sur un système de points, il privilégie les candidats disposant d’un bon niveau de langue, d’une expérience professionnelle solide et d’une formation reconnue. À cela s’ajoutent des solutions comme le permis d’études, pour ceux qui souhaitent suivre une formation postsecondaire, et le permis de travail, notamment via la mobilité francophone, qui offre un accès facilité au marché de l’emploi canadien pour les francophones hors Québec.
Canada : Vers une réorientation de la politique migratoire ?
Cette décision du Nouveau-Brunswick ne doit pas être perçue comme un rejet de l’immigration, mais plutôt comme un signal d’alarme. Elle appelle à une réévaluation des quotas, à une meilleure coordination entre les niveaux provincial et fédéral, et à une gestion plus souple des flux migratoires. Le Canada atlantique, en proie à un vieillissement démographique et à une pénurie de main-d’œuvre, ne peut se permettre de fermer durablement ses portes.
Les candidats, quant à eux, sont invités à revoir leurs stratégies. Mieux se préparer, diversifier les options, renforcer les compétences linguistiques et professionnelles : autant de leviers à activer dans l’attente d’une réouverture du programme PICA ou d’une nouvelle orientation de la politique migratoire canadienne.