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Macron ou Le Pen, qu’est-ce qui changerait dans la relation France-Maroc ?

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La France s’apprête à revivre le scénario de 2017, avec une confrontation Macron-Le Pen au deuxième tour de l’élection présidentielle. Le même scénario ou presque car, cette fois-ci, les chances de Marine Le Pen de gagner sont plus élevées qu’en 2017 où le choix de Macron était presque une évidence pour nombre d’électeurs français.

Au Maroc, on observe cette élection avec beaucoup d’attention. Ce qui sortira des urnes le dimanche 24 avril va façonner pour cinq ans, voire davantage, les relations diplomatiques, économiques, culturelles et sécuritaires entre les deux pays. D’autant que les relations actuelles connaissent une certaine froideur, avec des dossiers en suspens comme ceux de la reconnaissance de la marocanité du Sahara, des visas ou encore du retour des migrants irréguliers…

Qu’est-ce qui risque de changer après ce deuxième tour, aussi bien en cas de réélection du président sortant ou de victoire de Marine Le Pen ? Cette dernière a déjà envoyé un signal, ce mercredi 13 avril lors d’une conférence de presse autour de la diplomatie, qualifiant le Maroc de « Royaume qui nous est cher ». Une conférence où elle n’a pas pris de gants en revanche vis-à-vis de l’Algérie et du régime Tebboune… Un message pour rassurer les élites marocaines ?

Visas, migration, retour des mineurs… Macron ou Le Pen, c’est du pareil au même !

« Je ne suis pas un expert de l’exégèse de la pensée de madame Le Pen. Peut-être qu’elle a plus d’affinités pour le Maroc, c’est tant mieux… », nous confie le président du groupe d’amitié France-Maroc au Sénat, Christian Cambon.

Pour le sénateur du groupe Les Républicains, avec Marine Le Pen, c’est surtout le dossier de la migration qui risque d’être mis sur la table et de constituer des points de tension entre le Maroc et la France.

« Je pense qu’elle aurait avec ses affidés un avis tranché sur le retour des Marocains qui ont commis des délits, mais je ne veux pas me prononcer pour elle. C’est un sujet en tout cas qu’elle va mettre sur la table. De même pour l’affaire des visas, qui constitue actuellement un nuage dans les relations entre les deux pays.  Il y a eu une petite indélicatesse sur ce sujet. Quand il y a des soucis et des problèmes avec un ami, on ne les met pas sur la place publique, on va le voir et on règle le problème. Avec Marine Le Pen, ce dossier ne risque pas de se régler, ça sera autre chose… », nous dit le sénateur Cambon, qui pense que l’élection du président sortant est « certainement préférable pour le Maroc ».

Grand connaisseur du Maroc, le président de l’Institut prospective et sécurité en Europe (IPSE), Emmanuel Dupuy se montre moins optimiste.

« Quelle que soit l’issue de l’élection, les choses ne vont pas forcément évoluer. Un Macron bis ne changera rien. On ne va pas aller sur une reconnaissance de la France sur les provinces du sud du Maroc. La position française, contrairement à la position espagnole, ne va pas radicalement changer. Tout au plus, il y aura sans doute plus de coopération dans la lutte anti-terroriste et l’immigration clandestine », explique l’expert en relations internationales.

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« De la même manière, si Le Pen arrive au pouvoir, elle va sans doute serrer la vis, et ne pas revenir sur une décision sur laquelle Macron ne reviendra pas non plus, qui est la réduction du nombre de visas. Je pense qu’il n’y aura pas de révision de cette politique avec les deux candidats », ajoute Emmanuel Dupuy.

Marine Le Pen sera maroco-compatible, dixit Dupuy

Le Pen ou Macron, pour Dupuy, c’est du pareil au même au sujet des relations avec le Maroc, avec la différence, nuance-t-il, que Marine Le Pen peut aller plus loin dans ses positions vis-à-vis de l’Algérie et être de facto plus « marocophile ».

« Le Pen est beaucoup plus prédisposée à être plus dure avec l’Algérie que ne l’est Macron. Elle sera beaucoup moins conciliante que Macron, ce qui peut la rendre de facto plus maroco-compatible qu’elle ne l’est aujourd’hui ou qu’elle ne l’était avant le premier tour de la présidentielle. Après, sur les dossiers prioritaires des deux candidats vis-à-vis du Maroc, le seul sur lequel je vois une actualité particulière, c’est le retour des mineurs isolés, et donc une politique ardemment négociée en matière de reconduite aux frontières en général », nous indique Emmanuel Dupuy, qui pense que les deux pays ont besoin de revisiter leur partenariat.

« Pour l’Espagne, le partenariat stratégique qui date de 1991 vient d’être revisité. Avec la France, on ne doit pas être loin de ça, il faut quand même revisiter nos fondamentaux », recommande-t-il.

Seule grande différence que le président IPSE voit entre les deux candidats, la question de l’islam :

« La question de l’islam est utilisée par les deux candidats. Macron a tenté de faire quelque chose en matière de républicanisation de la gouvernance du culte musulman. On ne peut pas dire que Le Pen soit sur la même longueur d’onde. Il y a donc une grande différence par rapport à tout ce qui est identité nationale et religion », souligne-t-il.

Président de l’Institut marocain de l’intelligence stratégique, Abdelmalek Alaoui pense, lui, que l’effet d’une victoire de Le Pen ne sera pas si important que cela.

« Il y a trop d’intérêts en commun entre Paris et Rabat, ce qui fait que, quel que soit le président, il y aura un retour à la stabilité initiale. Et si Marine Le Pen est élue, elle va se consensualiser. Et même si elle est élue, elle sera en cohabitation, car elle ne peut pas avoir la majorité parlementaire. Même si elle rassemble toute l’extrême droite de France, elle n’arrivera jamais à dépasser le seuil des 170 députés à l’Assemblée. Et sans majorité, elle ne peut rien faire… », analyse Abdelmalek Alaoui.

Christian Cambon : « Avec Macron, il y aura une évolution sur le dossier du Sahara »

Le sénateur Christian Cambon reste attaché à son avis sur la question : pour le Maroc, la réélection de Macron est préférable. Une certitude, nous dit-il, qui se dégage de ce qu’il observe comme évolutions sur la scène internationale, mais aussi de son sentiment personnel. Et pour lui, le dossier le plus stratégique pour le Maroc est celui du Sahara. Et sur ce dossier, le président-candidat Macron sera obligé de faire un pas en avant.

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« Mon sentiment personnel, et c’est dans ce sens que le groupe d’amitié agit, c’est qu’il faut que la France franchisse une étape supplémentaire dans la reconnaissance du plan d’autonomie. Et ça ne peut être qu’une décision au plus haut niveau et à l’occasion d’une rencontre des chefs d’Etats. Ça ne peut pas être fait au coin d’un communiqué ou d’un tweet. C’est une affaire importante », insiste le président du groupe d’amitié France-Maroc au Sénat.

« Il ne faut pas oublier que la France soutient depuis bien longtemps la solution juste, équitable et acceptable par les parties. Maintenant, avec la prise de position espagnole, je crois savoir qu’il y aura une évolution dans ce sens en France. Comme vous le savez, ce qui est délicat dans cette affaire, c’est que la France entretient des rapports avec l’Algérie qui sont assez fréquemment orageux. Je pense que la France devrait prendre une initiative visant à convaincre les deux parties de se mettre sérieusement autour d’une table et d’en discuter une bonne fois pour toutes, car quand je vois ce que ça coûte au Maroc et à l’Algérie, pour des histoires anciennes qui n’intéressent plus personne sauf les vieilles générations, je pense qu’il faut regarder l’avenir », propose le sénateur.

Pour lui, la résolution du conflit va au-delà de la qualité de la relation entre les deux pays, mais relève d’une question de paix dans la région.

« On voit dans quel monde dangereux nous vivons, que ce soit en Méditerranée, qui n’est pas la mer la plus sereine, que ce soit dans la bande sahélo-saharienne où l’on voit des régimes comme le régime malien ou celui du Burkina qui connaissent un certain nombre de difficultés… Je pense qu’il faudrait que l’Algérie et le Maroc, qui sont deux grands pays responsables, qui partagent beaucoup de choses, finissent par se rapprocher, ce qui évitera aux pays européens en général de devoir choisir l’un contre l’autre et vice-versa », ajoute-t-il.

Et même si ce rapprochement souhaité par Christian Cambon ne se réalisait pas, le sénateur estime que la France devra, à un moment donné, prendre une position claire et ferme sur le dossier du Sahara.

« Je pense en effet que si telle n’était pas l’évolution des choses (une réconciliation Maroc-Algérie, ndlr), il y aura un moment où assez naturellement, je crois et je l’imagine, la France ira un tout petit peu plus loin dans l’expression de son sentiment vis-à-vis du plan d’autonomie qui me semble correspondre à la réalité. J’ai visité plusieurs fois les territoires du Sud, je sais ce que le Maroc y fait, je sais la contribution du Maroc à la sécurité dans la région, mais aussi à la sécurité de l’Europe ; je pense donc qu’il y aura une évolution sur ce dossier. Quand cela va-t-il se faire ? Je n’en sais rien. Mais il faut que les choses se fassent, et tout cela doit se traiter dans la discrétion », nous livre le sénateur Cambon.

2 Commentaires

  1. Et le droit international mais c’est que pour les blanc aux yeux bleus pas pour le peuple palestinien et le peuple sahraoui Macron ou Le Pen kif-kif bourricot

  2. Rendez-d’abord l’Alsace et la Lorraine à l’Allemagne l’indépendance à la Bretagne à la Corse aux basques et j’en passe le jour où vous ferez ça alors on sera d’accord avec vous

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