Algerie Part Plus – L’Algérie est un pays qui commence à inquiéter sérieusement de nombreux organismes internationaux qui regardent de près la régression alarmante de plusieurs de ses indicateurs économiques et financiers. Aux yeux de plusieurs organismes spécialisés, l’Algérie est un pays de plus en plus risqué pour les affaires et les investissements. Ce qui se traduit par une énorme méfiance vis-à-vis de notre pays. Une méfiance qui ne cesse de prendre de l’ampleur au point où l’avenir économique de l’Algérie est devenu un sujet de préoccupation majeur pour les sociétés spécialisées dans les notations des risques pays et l’impact des situations politiques sur les environnements économiques.
Et cette inquiétude s’est renforcé depuis 2019 année pendant laquelle l’Algérie s’est enfoncée dans une terrible crise politique avec le 5e mandat raté d’Abdelaziz Bouteflika et le déclenchement du Hirak, le mouvement populaire réclamant un changement politique radical dans le pays. Un mouvement contre lequel une répression massive et inédite a été orchestrée par le pouvoir algérien.
Déjà en 2019, la célèbre société d’assurance-crédit Euler Hermes avait abaissé ses prévisions de croissance pour l’Algérie de +1,5% à +1,2%. Euler Hermes est l’une des références mondiales dans le classement des risques pays. La société française considéré comme le leader mondial de l’assurance-crédit est spécialisée dans les études économiques permettant de fournir aux entreprises mondiales une meilleure compréhension de l’environnement économique et politique, des risques commerciaux et de financement dans le monde. Et pour ce faire, Euler Hermes détermine une note de risque pays en analysant des centaines d’indicateurs économiques. Depuis le deuxième trimestre 2021, Euler Hermes a donné l’inquiétante note de C4 à l’Algérie. Il faut savoir que la note du risque Pays est évaluée sur une échelle à 6 niveaux (allant de AA à D sur laquelle AA est le risque pays structurel le plus faible et D le risque pays structurel le plus élevé). Avec une note de C4, l’Algérie se rapproche dangereuse du risque structurel le plus élevé pour les investisseurs et entreprises. Ce qui signifie clairement qu’il est conseillé d’éviter tout bonnement de faire des affaires en Algérie.
Euler Hermes (EH) s’inquiète pour l’Algérie depuis 2019. La société française avait expliqué à cette époque que l’Algérie allait connaître la plus faible croissance économique depuis 1997. L’impact de l’instabilité politique de 2019 était donc clairement visible sur la situation économique de l’Algérie.
D’après EH, l’activité notamment a été freinée par la forte baisse des dépenses publiques
d’investissement (-28% au premier trimestre de 2019), la chute du cours des hydrocarbures et la baisse tendancielle de la production gazière. Evoquant la fin du recours au financement non-conventionnel, à savoir la planche à billets, la société d’assurance-crédit avait relevé que, si elle a permis de financer le déficit public et a favorisé la croissance du crédit, la « planche à billets » n’avait pas permis de stimuler la croissance économique, la croissance du PIB/habitant ayant été quasi-nulle sur la période
(depuis novembre 2017). A l’inverse, ce mode de financement avait favorisé la croissance de la dette publique, passée de 9% du PIB en 2015 à 37% du PIB en 2018.
Elle a failli atteindre les 47% du PIB en 2019. Une autre prestigieuse source, la Fitch Ratings Ltd. qui est une agence de notation financière internationale, avait également prévu de sombres perspectives pour l’économie algérienne depuis 2019.
En effet, l’agence de notation Fitch avait annoncé anticiper un creusement du déficit budgétaire algérien en 2019 et 2020, à respectivement -9,9% et -9,7% du PIB (contre une
moyenne de -4,9% sur la période 2008-2018). Cette détérioration a été expliquée par l’impact des manifestations sur l’activité économique et la chute des recettes fiscales ordinaires (baisse de la TVA suite aux fermetures de magasins, gel des IDE)
ainsi qu’une chute de la fiscalité pétrolière liée au déclin de la production et à la baisse du cours des hydrocarbures.
Excluant toute rationalisation budgétaire à court terme, l’agence de notation avait même prévu une dette publique à 49,6% du PIB en 2020. Force est aujourd’hui de constater que ces sombres prévisions sont vraies au regard de la situation économique et financière déplorable du pays où l’investissement est gelé et l’appauvrissement de franges entières de la population algérienne ne cesse de s’accélérer.
« La baisse tendancielle de la production d’hydrocarbures, la détérioration des infrastructures comme sous-produit du sous-investissement et les inefficacités du modèle économique dirigé par l’État sont les principaux problèmes structurels du modèle économique algérien », a prévenu encore à ce propos Euler Hermes dans ses rapports dédiés à la situation économique et financière en Algérie au cours du deuxième trimestre de 2021. « Le ralentissement de la consommation privée et le gel des investissements publics en raison de la réduction des dépenses ont également entravé l’activité économique au cours des dernières années. Le PIB n’a augmenté que de +0,7% en 2019, contre +3,2% en 2016 », s’alarme encore la même source qui n’a pas manqué de souligner enfin que « l’instabilité politique reste un risque notable en Algérie et pèse sur les décisions d’investissement et de consommation, avec des effets d’entraînement négatifs sur le commerce ».