Face à une surproduction sans précédent, les fraises algériennes inondent les marchés locaux à des prix imbattables. Ce succès agricole contraste cependant avec les limites logistiques freinant leur accès aux marchés internationaux.
Une production record qui fait chuter les prix
L’Algérie connaît une véritable révolution fruitière avec la fraise en tête d’affiche. Cultivée désormais dans de nombreuses régions côtières comme Jijel, Tipaza, Skikda ou encore El Tarf, la fraise est devenue en 2024 le fruit le plus accessible du marché. Son prix est même passé en dessous de celui de la pomme de terre, atteignant parfois 30 à 60 dinars le kilo sur les marchés de gros.
Croissance exponentielle des surfaces cultivées
Une telle baisse s’explique par une croissance exponentielle des surfaces cultivées, notamment à Jijel où les agriculteurs exploitent désormais près de 900 hectares contre moins de 500 l’année précédente. Ces fruits sont souvent cultivés sous tunnels plastiques ou dans des serres où ils partagent l’espace avec d’autres espèces comme les bananiers. Leur abondance a fait de la fraise un ingrédient phare dans les pâtisseries, particulièrement prisé pendant le mois de ramadan.

L’exportation balbutiante face à des défis logistiques majeurs
Si la qualité des fraises algériennes est saluée, notamment par des opérateurs étrangers comme ceux intervenant au Ghana, au Nigeria ou en Côte d’Ivoire, leur exportation reste embryonnaire. Les infrastructures logistiques, encore rudimentaires, compliquent la chaîne d’export, depuis la récolte jusqu’à la livraison. Les fraises algériennes sont souvent conditionnées à même la terre battue, malgré un respect rigoureux des normes d’hygiène avec gants et barquettes étiquetées.
En attente d’appuis concrets
Des agriculteurs comme Belgacem Lahame, ou de jeunes investisseurs à El Tarf comme Hamza Hiyanni, espèrent des appuis concrets des pouvoirs publics en matière de foncier, d’irrigation et de financement. Les médias internationaux, à l’image de International Supermarket News, voient en cette filière un avenir radieux, à condition d’investir dans le transport frigorifique, l’emballage professionnel et les réseaux de distribution. En attendant une percée mondiale, les Algériens savourent localement une fraise sucrée, bon marché et symbole d’un savoir-faire agricole en plein essor.