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Exode des Algériens piégés dans le conflit russo-ukrainien

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Pris dans le piège du conflit russo-ukrainien, une partie des ressortissants algériens ont difficilement fui leur pays de résidence. Beaucoup d’autres, bloqués aux frontières, cherchent encore un moyen de traverser. 

Installé dans un studio prêté par des bénévoles polonais, Ghiles se remet du périple éprouvant qui l’a conduit, avec son épouse, de nationalité ukrainienne, de Kiev à Cracovie, en Pologne.

Jusqu’au déclenchement de l’invasion russe, ce ressortissant algérien de 27 ans gérait un fast-food en plein cœur de la capitale ukrainienne. Il n’aurait jamais imaginé qu’une guerre le pousserait à fuir, dans la précipitation, le pays où il a élu domicile il y a une dizaine d’années.

Froid glacial

« On a été réveillé [le 24 février] par le bruit des sirènes. Quand j’ai compris que  Kiev était attaquée, je me suis dit qu’on n’était plus en sécurité et qu’il fallait partir tout de suite. J’ai prévenu mes employés. On a fait notre valise rapidement et on a réussi à trouver un taxi qui nous a emmenés jusqu’à la frontière polonaise. Ça nous a coûté 500 euros, contre moins d’une centaine d’euros en temps normal », raconte l’expatrié.

J’ai vu des représentants des ambassades tunisienne et marocaine. Aucun envoyé algérien

Lorsque le couple parvient au poste-frontière, des dizaines de milliers de personnes s’y massent déjà. Impossible de passer de l’autre côté à pied. Seuls les véhicules y sont autorisés. Ghiles et son épouse se retrouvent coincés. Les conditions sont rudes. « On n’a quasiment rien mangé ni bu. Heureusement, une famille ukrainienne nous a accueillis pour nous éviter de rester toute la nuit dehors dans un froid glacial », résume-t-il.

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Après trois jours d’errance, le couple parvient à convaincre un conducteur de les emmener jusqu’en Pologne, moyennant rétribution.

Comme Ghiles, des centaines d’expatriés algériens – pour la plupart étudiants – ont rejoint ce pays par leurs propres moyens. « On est livrés à nous-mêmes. Les autorités algériennes ne font rien pour nous. À la frontière, j’ai vu des représentants des ambassades tunisienne et marocaine, mais aucun envoyé algérien », déplore un étudiant en ingénierie informatique, âgé de 23 ans, qui a voyagé avec deux camarades.

Des policiers ukrainiens ont frappé des réfugiés africains

Retenus par des embouteillages géants, ils ont passé trois nuits dans une voiture et n’avaient que de maigres provisions. « C’était un cauchemar. J’ai vu des bousculades, des policiers ukrainiens frapper des réfugiés africains », lâche-t-il.

Discriminations

La situation se complique pour les Africains, qui disent faire l’objet de discriminations raciales. Au poste-frontière de Medyka, Réda en a été le témoin. « Le passage est plus simple et plus rapide pour les Européens. Des navettes, venant de Pologne à intervalle régulier, les récupèrent directement du côté ukrainien. En revanche, rien n’est prévu pour les non-Européens, qui, eux, doivent attendre des heures. Certains m’ont dit avoir été maltraités physiquement par des gardes-frontières ukrainiens. On a demandé à d’autres, qui voulaient aller aux toilettes, de refaire la queue, ce qui représente jusqu’à douze heures d’attente en plus », dénonce le bénévole, qui parle d’une « anarchie totale » : « des personnes ont tout perdu, leur bagage, leur téléphone, leur passeport… »

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Contraints à un exil forcé, très peu de réfugiés algériens cherchent à être rapatriés. Beaucoup ont déjà retrouvé leur famille, installée quelque part en Europe, ou sont en route. Faute d’alternative, certains patientent en Pologne. Beaucoup espèrent revenir en Ukraine.

« Je ne voulais même pas partir car je devais passer un examen, explique l’étudiant en informatique. Ce sont mes amis qui m’ont dissuadé de rester. Maintenant, tout ce que je veux, c’est rentrer en Ukraine, reprendre mes études et obtenir mon diplôme. J’ai investi beaucoup d’argent pour payer les frais d’inscription. Je ne veux pas tout perdre. »

Je ne veux aller nulle part ailleurs. Ma vie est en Ukraine

Ghiles ne souhaite pas, lui non plus, que son exil polonais se prolonge. « Je ne veux aller dans aucun autre pays d’Europe, ni retourner en Algérie. Ma vie est en Ukraine, j’ai tout laissé derrière moi. J’attends que la situation se calme pour rentrer », dit-il.

Maghrebactu
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