Un événement organisé à Paris le mercredi 26 mars au soir, présenté comme une lutte contre l’islamisme, s’est en réalité mué en une plateforme pour un discours raciste ouvert et effréné. Bien que des figures notoires de l’extrême droite comme Zemmour, Ciotti, Marine Le Pen ou Jordan Bardella n’y étaient pas présentes, des personnalités prétendant appartenir au camp républicain y ont participé, y compris des ministres tels que Bruno Retailleau, Christian Estrosi, Manuel Valls et François-Xavier Bellamy.
Les propos islamophobes tenus par les orateurs n’étaient pas sans rappeler ceux que l’extrême droite aurait pu exprimer, illustrant une droitisation croissante du discours politique en France et une normalisation de la haine raciale et religieuse ciblant spécifiquement la communauté musulmane. Les confusions entre Islam, islamisme, terrorisme, le Hamas palestinien, et même l’affaire de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, ont été fréquentes durant ce rassemblement. Cela n’est guère surprenant étant donné que l’événement était organisé par Elnet, un lobby pro-israélien étroitement lié à Benyamin Netanyahou.
Arié Bensemhoun, l’organisateur, a qualifié cet événement de « premier grand rassemblement contre l’islamisme en France », le décrivant comme « historique et décisif » et affirmant que depuis le 7 octobre 2023, aucun résident en France, juif ou non, n’est en sécurité. Les commentaires exprimés lors de ce meeting ont été jugés répugnants par le média en ligne Mediapart.
France : des déclarations choquantes lors d’un rassemblement contre l’islamisme
Christian Estrosi, maire de Nice, a critiqué la députée européenne franco-palestinienne Rima Hassan et le parti La France insoumise, les accusant de collusion avec l’ennemi. Bruno Retailleau, quant à lui, a été le centre d’attention de l’événement, alléguant qu’il est essentiel de ne jamais céder face à l’islamisme, car la charia s’est trop souvent développée dans le silence.
En plus de ses attaques contre l’Algérie, Retailleau a également ciblé le voile islamique ces dernières semaines, déclarant lors du meeting que le voile est un symbole de soumission. Il a conclu avec l’exclamation : « Vive le sport et à bas le voile », suscitant des réactions fortes le lendemain. La soirée a été marquée par des confusions et des amalgames. Noëlle Lenoir, présidente du comité de soutien à l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, a exprimé que la lutte contre l’islamisme est un combat existentiel, soulignant un risque de basculement de la France vers une théocratie.
Thibault de Montbrial, avocat proche de Retailleau, a parlé d’un combat essentiel et a appelé à une « bataille culturelle », en valorisant des figures historiques françaises.
L’événement, centré sur la laïcité, a aussi vu des références à des figures religieuses chrétiennes, ce qui a surpris certains, dont le journal fondé par Edwy Plenel. Manuel Valls, récemment vocal contre l’antisémitisme qu’il attribue au monde arabo-musulman, a clôturé l’événement, insistant sur la nécessité de résister à ce qu’il considère comme une menace islamiste.