La tension entre la France et l’Algérie s’intensifie. Paris dénonce le blocage des relations et pourrait durcir sa “riposte graduée” après l’expulsion de ses agents consulaires et l’arrestation de Boualem Sansal.
Relations France–Algérie : une impasse diplomatique prolongée et une riposte en préparation
Les relations entre Paris et Alger sont de nouveau au plus bas. Depuis la mi-avril, une série d’événements diplomatiques et judiciaires a ravivé les tensions historiques entre les deux pays. Ce lundi 5 mai, Jean-Noël Barrot, ministre français des Affaires étrangères, a confirmé que la situation est « bloquée », pointant du doigt les autorités algériennes pour leur rôle dans cette escalade.
Au cœur de la discorde : la détention de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal et l’expulsion de 12 agents consulaires français par l’Algérie. Un coup dur pour la diplomatie française, qui exige leur réintégration et appelle à un « geste humanitaire » en faveur de l’auteur.
Une relation diplomatique sous haute tension
Le rapprochement amorcé début avril à travers la visite de Jean-Noël Barrot à Alger a rapidement été compromis. En cause : l’arrestation en France d’un agent consulaire algérien, qui a entraîné une mesure de rétorsion d’Alger, à savoir l’expulsion de douze agents français. Cette réponse a été suivie par une réciprocité de Paris, accompagnée du rappel de l’ambassadeur de France en Algérie, Stéphane Romatet. Ces événements constituent une crise sans précédent dans l’histoire diplomatique franco-algérienne depuis les accords d’Évian de 1962.
Paris envisage une riposte plus dure
Face à ce qu’elle qualifie d’impasse, la France envisage désormais de durcir la riposte. Le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau a évoqué la possible remise en cause de l’accord bilatéral de 2013, qui exempte de visa les détenteurs de passeports diplomatiques entre les deux pays. Une mesure qui, si elle se concrétise, marquerait un tournant dans les relations bilatérales.
La porte-parole du gouvernement français, Sophie Primas, a confirmé ce mercredi 7 mai que des discussions sont en cours pour accélérer cette « riposte graduée », tout en soulignant l’absence de toute initiative algérienne en faveur d’une sortie de crise.
Une crise qui dépasse le cadre diplomatique
Au-delà des expulsions réciproques, l’affaire Boualem Sansal cristallise les tensions. Son arrestation est perçue en France comme une atteinte à la liberté d’expression et une entrave aux relations bilatérales. En parallèle, la question des reconduites aux frontières des ressortissants algériens en situation irrégulière, sujet déjà sensible, semble reléguée au second plan dans le contexte actuel.
Alors que les prochains gestes de Paris sont attendus, l’absence de dialogue réel et l’enchaînement des mesures coercitives font craindre un enlisement durable. Reste à savoir si les deux capitales sauront, à terme, trouver un terrain d’entente ou si cette crise s’installera durablement dans les relations entre la France et l’Algérie.