Ces derniers jours, des messages partagés sur les réseaux sociaux ont affirmé que le gouvernement du président américain Donald Trump avait expulsé 306 Algériens en situation irrégulière vers leur pays d’origine. Ces publications, accompagnées d’une image montrant un avion militaire rempli de passagers, ont provoqué de nombreuses réactions.
Elles se basent sur un document de l’US Immigration and Customs Enforcement (ICE), l’agence américaine en charge de l’immigration et des frontières. Ce rapport, relayé notamment par la chaîne Fox News, recense 1,445 million de personnes faisant l’objet d’une décision définitive d’expulsion du territoire américain, parmi lesquelles figurent 306 ressortissants algériens. Toutefois, selon la chaîne française TF1, ces personnes n’ont pas été expulsées, mais simplement identifiées comme étant en situation irrégulière et susceptibles de faire l’objet d’une procédure d’expulsion à l’avenir.
Par conséquent, l’affirmation selon laquelle les États-Unis ont déjà renvoyé ces 306 Algériens est erronée : aucune expulsion effective n’a été réalisée dans ce cas à ce jour.
Une photo détournée pour illustrer une fausse réalité
Cette distinction est cruciale, car elle remet en question l’idée selon laquelle les États-Unis réussiraient à expulser des migrants algériens sans difficulté, contrairement à la France. Pour appuyer cette affirmation, certaines publications diffusent une photo montrant un avion militaire rempli de passagers, présentée comme une preuve visuelle de ces expulsions.
Pourtant, cette image a été sortie de son contexte initial. Une recherche inversée permet de retracer son origine : elle a été capturée le 15 août 2021, lors de l’évacuation de Kaboul après que les Talibans ont pris le pouvoir en Afghanistan. À ce moment-là, un avion de l’armée américaine, un Boeing, avait transporté 823 Afghans cherchant à fuir la répression du nouveau régime. Ces individus tentaient de quitter leur pays, et non d’y être renvoyés.
Par conséquent, cette photo n’a aucun rapport avec des expulsions de migrants algériens ou avec les politiques migratoires américaines. Son utilisation dans ce contexte constitue une manipulation de l’information.
Une mise en parallèle avec la situation des personnes sous le coup d’une OQTF en France
Ces publications s’inscrivent dans un contexte avec lequel revient fréquemment une critique sur les difficultés qu’éprouve la France à appliquer les Obligations de quitter le territoire français (OQTF), notamment en ce qui concerne les citoyens algériens. Les auteurs de ces messages, souvent avec une pointe d’ironie, affirment que les États-Unis n’auraient aucun mal à obtenir les laissez-passer consulaires nécessaires pour renvoyer des Algériens, contrairement à la France.
Cependant, cette comparaison manque d’objectivité. D’une part, comme déjà mentionné, les 306 Algériens identifiés par les autorités américaines n’ont pas été expulsés. D’autre part, les situations migratoires et diplomatiques entre la France et l’Algérie ne sont pas comparables à celles entre les États-Unis et l’Algérie. Ces informations erronées émergent dans un contexte avec lequel les questions migratoires occupent une place centrale dans le débat politique, que ce soit aux États-Unis ou en Europe.
Donald Trump a, par exemple, fait de la lutte contre l’immigration illégale un de ses principaux axes politiques, promettant des expulsions massives et la construction d’un mur à la frontière mexicaine. En France, le sujet des OQTF et de leur mise en œuvre revient régulièrement dans les discours politiques, notamment au sein des partis de droite et d’extrême droite.