Algerie Part Plus – Cette situation de catastrophe sanitaire que l’Algérie subit de plein fouet depuis le début du mois de juillet était prévisible depuis au moins le mois de juin, période à laquelle les fortes contaminations ont augmenté de façon alarmante dans plusieurs wilayas. La forte circulation du virus confirmée par plusieurs rapports d’un organisme scientifique officiel en Algérie, à savoir l’Institut National de la Santé Publique (INSP), aurait pu alerter les autorités algériennes pour prendre les mesures nécessaires afin d’éviter les ravages de cette 3e vague. Au lieu de cela, les négligences se sont accumulées et le sort des Algériens a été livré à l’épidémie provoquant aujourd’hui une véritable tragédie nationale. Et les jours, voire semaines à venir, réservent de nombreuses mauvaises nouvelles en termes de saturation des hôpitaux et de nombre de décès liés aux formes les plus graves de la COVID-19.
Oui, cette situation aurait pu être évitée. Notre Pays avait la possibilité de vacciner massivement contre le Covid 19 afin d’avoir rapidement une immunité collective et ce avant mai- juin 2021 et de réduire ainsi le pourcentage de cas graves nécessitant des hospitalisations pour des soins intensifs ou des admissions dans les services de réanimation. Si l’Algérie avait mieux géré sa campagne de vaccination depuis février-mars 2021, elle aurait pu ralentir clairement les contaminations en cas de nouvelles vagues mais cela malheureusement n’a pas été fait.
L’Algérie a énormément tergiversé et négligé l’importance de la vaccination. Il aura fallu attendre la fin du mois de juin pour franchir la barre des 1 million d’Algériennes et Algériens vaccinées. La campagne de vaccination ne s’est accélérée que lors du début de la 3e vague et l’Algérie devrait franchir le cap des 2 millions de personnes vaccinées bien avant la fin du mois de juillet. Mais ces étapes auraient pu être concrétisées depuis le printemps de l’année en cours.
Des pays arabes ou africains n’ont pas fait cette erreur grossière commise par l’Algérie en négligeant la vaccination. L’Arabe Saoudite a administré jusqu’à aujourd’hui des doses de vaccin à pas moins de 24 millions de personnes. L’Arabie Saoudite a obligé ses citoyens à prendre les deux doses de vaccin contre le coronavirus, pour leur permettre de voyager à l’étranger, à compter du 9 août 2021. Cette décision s’inscrit dans le cadre des mesures préventives et de précaution recommandées par le ministère de la Santé et des efforts inlassables lancés pour juguler la pandémie. Elle a également été prise après avoir tenu compte de l’émergence de nouvelles vagues et de nouveaux variants de la Covid à travers le monde, ainsi que de la faible efficacité de la dose unique du vaccin.
Aujourd’hui, la situation sanitaire en Arabie Saoudite est beaucoup plus calme avec des patients gravement atteints dont le nombre est davantage maîtrisé grâce aux effets de la vaccination.
Notre voisin de l’ouest, le Maroc, a vacciné jusqu’à aujourd’hui pas moins de 21,5 millions de personnes. Ce qui a permis à ce pays de mieux résister aux ravages du variant Delta alors que la situation est catastrophique en Tunisie et de plus en plus alarmante en Algérie. Le nombre quotidien des morts au Maroc tourne autour de 15 jusqu’à 19 alors qu’en Tunisie, il a dépassé les 150 et en Algérie, il flirte régulièrement avec les 100 victimes.
En Egypte aussi, la vaccination de la population commence à obtenir ses effets. Plus de 5 millions de personnes ont été vaccinées et le nombre des morts commence à baisser sérieusement. De 65 morts le 7 mai, le bilan a baissé jusqu’à 8 morts le 21 juillet dernier.
Le même constat a été dressé en Jordanie. Le nombre des morts dans ce pays arabe était de 82 morts par jour le 1er avril dernier. Grâce au développement de la vaccination des personnes les plus fragiles comme les personnes âgées et les malades chroniques, ce bilan des décès est tombé jusqu’à 4 morts hier le 23 juillet. La Jordanie a vacciné près de 4,7 millions de personnes sur un population totale estimée à 10,1 millions d’habitants.
Si l’Algérie avait suivi la voie de ces pays en misant massivement sur la vaccination, la situation sanitaire serait aujourd’hui beaucoup mieux maîtrisée. De surcroît, le ministère de la santé et l’agence de la sécurité sanitaire n’ont pas utilisé tous les moyens médiatiques, scientifiques et juridiques pour sensibiliser les citoyens. Ce qui a contribué à renforcer le sentiment de l’indifférence générale au sein de la population algérienne qui a boycotté rapidement la vaccination croyant que l’épidémie ne présente plus aucun danger contre leur pays.
D’autre part, le ministère de la santé n’a pas installé des consoles d’ECMO dans les centres référents en réanimation médicale pour sauver les patients gravement atteints qui ne répondent pas à la ventilation artificielle classique dont le nombre est estimé à plusieurs centaines selon les experts depuis le début de l’épidémie.
L’oxygénation par membrane extracorporelle, communément appelée ECMO, désigne, en réanimation, une technique de circulation extracorporelle offrant une assistance à la fois cardiaque et respiratoire à des patients dont le cœur et/ou les poumons ne sont pas capable d’assurer un échange gazeux compatible avec la vie. Il s’agit d’une assistance qui peut être implantée par des abords vasculaires périphériques. Ce type d’assistance utilise le concept de circulation extracorporelle de sang dont la période moderne s’est ouverte avec l’utilisation des poumons artificiels à membrane. Le circuit de base est simple et comprend une pompe, un oxygénateur (permettant l’enrichissement du sang en oxygène et la décarboxylation) et des voies d’abord (une de drainage et une de réinjection). Sa mise en place est facile, rapide, et peut être initiée au lit du malade.
Les composants de l’ECMO sont des consommables médicaux très simples et disponibles dans de nombreux pays à travers le monde. Il s’agit de pompe, Oxygénateur, Échangeur thermique, Canules ou Circuits préhéparinés.
Dans sa stratégie établie pour lutter contre l’infection au COVID-19, le ministère de la Santé algérien a préconisé le recours à l’ECMO en cas d’échec de la ventilation mécanique des respirateurs artificiels. Algérie Part avait révélé à ses lecteurs et lectrices le document intégral comprenant les recommandations et mesures de cette stratégie dessinée par le ministère de la Santé Algérien.
Plusieurs médecins contactés par Algérie Part ont reconnu que les nombreux patients décédés suite à des détresses respiratoires aiguës causées par le COVID-19 auraient pu être pris en charge par l’ECMO si le consommable ( oxygenateur + pompe+tubing set+canules spécifiques) nécessaire était disponible pour faire fonctionner les consoles ECMO déjà présentes dans les hôpitaux algériens. Il faut savoir que plusieurs établissements algériens de santé publique sont censés disposer de ces équipements nécessaires à l’utilisation de l’ECMO. Il s’agit notamment des CHU de Sétif, l’EHU d’Oran ou la Clinique médico-chirurgicale infantile (CMCI) de Bou Ismaïl (Tipaza), ainsi que l’Hôpital militaire d’AIN NAADJA.
Malheureusement, tous ces établissements souffrent de la pénurie des consommables médicaux indispensables au fonctionnement des ECMO, a-t-on confirmé au cours de nos investigations. Les consoles ECMO présentes au CHU de Sétif, à l’EHU d’Oran et au CMCI de Bousmail ne sont pas, malheureusement, opérationnelles en raison du manque cruel des kits comme les pompes ou les oxygénateurs, à savoir les dispositifs médicaux qui sont capables d’échanger de l’oxygène et du dioxyde de carbone dans le sang d’un patient humain au cours d’interventions chirurgicales.