Les relations franco-algériennes traversent une nouvelle phase de tensions. Le 5 janvier, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a émis des réserves sur la volonté de l’Algérie de respecter les engagements de coopération bilatérale.
Lors d’une interview sur RTL, il a souligné que les autorités françaises sont préoccupées par certaines actions d’Alger qui semblent aller à l’encontre de l’accord bilatéral conclu en 2022, destiné à améliorer les relations et à définir des domaines de coopération après des années de tensions. Le ministre a exprimé le désir de la France de maintenir de bonnes relations avec l’Algérie, mais a observé que les actions actuelles ne favorisent pas cette coopération.
« Il faut que les deux parties s’engagent pour respecter cet accord », a-t-il ajouté, soulignant la nécessité d’un effort conjoint.
Boualem Sansal se trouve au cœur des débats houleux
Un aspect central de la crise actuelle est lié à Boualem Sansal, un écrivain d’origine algérienne. Il a été arrêté en novembre 2024, accusé par l’État algérien d’« atteinte à la sûreté de l’État » et est actuellement détenu en Algérie sous de sévères accusations. Âge de 75 ans, il a été dénoncé par le Président Abdelmadjid Tebboune comme étant un « imposteur envoyé par la France », pays dont il possède également la nationalité.
Jean-Noël Barrot a déclaré que la détention de Sansal était injustifiée et allait à l’encontre des principes que la France défend, soulignant l’engagement de la France envers les droits à la liberté d’expression et d’opinion. « Les motifs fournis par l’Algérie pour justifier son arrestation ne sont pas acceptables », a-t-il insisté. Cette déclaration souligne que Paris voit dans cette affaire un sérieux frein à l’amélioration des relations bilatérales.
Un contexte marqué par une rupture diplomatique
Les tensions entre les deux pays ne sont pas récentes. En juillet 2024, l’Algérie a retiré son ambassadeur de France suite à un soutien exprimé par le président français, Emmanuel Macron, envers les initiatives marocaines concernant le Sahara occidental, une question très délicate pour l’Algérie. Cette démarche a été interprétée comme une insulte, entraînant un refroidissement des relations diplomatiques.
De plus, la visite d’Emmanuel Macron au Maroc en octobre a été vue comme un rapprochement avec Rabat aux dépens d’Alger, renforçant les doutes sur une préférence de Paris pour le Maroc, le principal adversaire géopolitique de l’Algérie dans cette région.
Des horizons incertains
Face aux récentes accusations publiques, l’Algérie maintient une position rigide, accusant la France de prendre des mesures unilatérales, particulièrement en se mêlant de ses affaires internes, comme illustré par l’affaire Boualem Sansal.
De l’autre côté, Paris plaide pour un renouveau du dialogue, bien que les circonstances actuelles compliquent la reprise de discussions constructives. Les tensions entre les deux nations ne se réduisent pas uniquement à leurs relations bilatérales, mais reflètent également de profondes discordances sur des questions stratégiques et des perspectives divergentes concernant la région du Maghreb. Si les efforts conjoints ne sont pas intensifiés pour résoudre ces différends, cette situation pourrait s’éterniser.
L’affaire Boualem Sansal symbolise de manière significative cette crise, mettant en lumière les défis humains, politiques et diplomatiques qui divisent les deux pays. Actuellement, les déclarations de Jean-Noël Barrot signalent un moment clé, mais révèlent surtout un accroissement de la défiance entre Paris et Alger.