A l’occasion de la fin de sa visite en Algérie, la cheffe de mission du Fonds Mondial International (FMI), Geneviève Verdier a tenu une conférence de presse ce lundi 21 novembre 2022 à l’hôtel El Aurassi à Alger. Durant cette conférence, Geneviève Verdier a révélé des « risques importants » pour l’économie algérienne. Nous vous proposons dans savoir plus, à travers cette édition du lundi 21 novembre 2022.
Débuté le 6 novembre dernie2022, la visite de la représentante du FMI a connu son apogée, ce lundi 21 novembre 2022. Durant son séjour en Algérie, Geneviève Verdier a rencontré plusieurs membres du gouvernement. Elle s’est également entretenue avec le gouverneur de la Banque d’Algérie ainsi que des députés, membres de la commission parlementaires des finances et du budget. Dans ce contexte, après avoir salué « les progrès réalisés en matière de réformes budgétaires, en particulier dans les domaines de la fiscalité et de la gestion des finances publiques », la mission du FMI a alerté contre la « persistance » de la « forte dépendance » de l’économie algérienne aux hydrocarbures. Et pour cause, l’Algérie tire en effet l’essentiel de ses devises des ventes du pétrole et du gaz, même si les exportations hors hydrocarbures ont atteint un niveau historique de 5 milliards de dollars en 2021 et pourraient augmenter pour atteindre 7 milliards de dollars en 2022.
Des « Risques importants » pour l’économie algérienne
« La mission estime que la persistance d’une forte dépendance à l’égard des recettes tirées des hydrocarbures et l’augmentation considérable des dépenses prévues en 2023 sont des sources de risques importants pour les perspectives des finances publiques dans un contexte de forte volatilité des prix des matières premières et d’incertitude mondiale exceptionnelle », a confié la représentante du FMI au début de sa conférence de presse. Sur la question de la capacité de résilience de l’économie algérienne en cas de baisse des prix des hydrocarbures, Geneviève Verdier a préconisé des « réformes structurelles sur le long terme, mais aussi des mesures budgétaires et monétaires à court terme ». Selon elle, ces mesures permettraient à l’Algérie de juguler l’inflation et de mieux affronter le scénario d’une chute des prix des hydrocarbures, car avec les prévisions actuelles des dépenses, le pari est risqué pour les autorités algériennes. En ce qui concerne, le prix référentiel du baril de pétrole à 149,2 dollars nécessaire, selon le FMI, pour équilibrer le budget de l’Algérie, Geneviève Verdier a expliqué que ce chiffre provient d’une analyse basée sur l’évaluation des risques pour les équilibres budgétaires.
La cheffe de mission du FMI a reconnu une divergence dans les analyses faites par l’institution qu’elle représente et celles du gouvernement algérien notamment sur ce qui a trait aux politiques budgétaires et monétaires ainsi que sur les projections sur les prix des hydrocarbures. Elle a estimé que les résolutions comprises dans la loi sur l’investissement allaient aider à créer un climat favorable pour les affaires en Algérie. « La croissance devrait s’accélérer en 2023 et l’inflation devrait ralentir, mais elle restera au-dessus de 8 % en moyenne sur fond d’assouplissement de la politique budgétaire », a affirmé la cheffe de mission du FMI. Elle a souligné que l’inflation a culminé à « 9,4 % au cours des derniers mois, son niveau le plus élevé depuis 25 ans ». Elle juge donc « nécessaire » un resserrement de la politique monétaire pour maîtriser l’inflation qui risque de « s’enraciner».
Des suggestions du FMI
La mission du FMI salue la décision de l’Algérie de ne pas recourir à la planche à billets (financement monétaire), tout en estimant que la révision en cours de la Loi sur la monnaie et le crédit, « constitue une opportunité pour renforcer le cadre de gouvernance de la Banque d’Algérie et son indépendance ». La mission du FMI soutient que le « déploiement envisagé » d’un nouveau cadre législatif pour l’investissement dans les énergies renouvelables pourrait également « faciliter la transition vers une économie à faible émission de carbone ». Et tout en saluant les mesures prévues par le gouvernement algérien pour « améliorer la qualité et la disponibilité des données statistiques », la mission du FMI appelle les autorités algériennes à « accorder la priorité aux actions dans ce domaine afin de mieux informer les politiques et les décisions du secteur privé ». Elle estime qu’un « ajustement budgétaire équilibré est nécessaire pour freiner les pressions inflationnistes, rétablir une marge de manœuvre pour les politiques économiques et stabiliser la dette publique ». Pour finir, la mission du FMI qui a à sa tête Geneviève Verdier a délivré quelques bons points au gouvernement algérien. Elle a par exemple salué les « progrès réalisés en matière de réformes budgétaires, en particulier dans les domaines de la fiscalité et de la gestion des finances publiques ».