En France, la communauté des jeunes médecins, y compris ceux d’origine algérienne, traverse une période d’anxiété accrue, en raison d’un projet de loi conçu pour adresser le problème des déserts médicaux. Ce texte législatif, qui sera débattu le 1er avril 2025, a provoqué un tollé parmi les professionnels de santé, dans un contexte avec lequel le système de santé est déjà tendu.
Les jeunes praticiens, Algériens inclus, sont particulièrement concernés par des modifications susceptibles d’impacter leur manière d’exercer et leur futur en France. L’initiative, lancée par le député socialiste Guillaume Garot, a pour but de pallier le manque de médecins dans certaines régions, caractérisées par une faible densité médicale. Les statistiques révèlent que 11% des Français n’ont pas de médecin traitant et 11,6% résident dans des zones avec un accès restreint aux soins, surtout en milieu rural et dans certaines périphéries urbaines.
Le projet de loi envisage de permettre aux Agences Régionales de Santé (ARS) d’autoriser automatiquement l’installation de médecins dans ces zones déficitaires. Cette mesure affecterait principalement les jeunes médecins, nombreux à envisager d’ouvrir leur cabinet hors des grandes métropoles. Cependant, le projet inclut aussi des restrictions pour les zones bien desservies, où l’ouverture de nouveaux cabinets serait conditionnée à la fermeture de cabinets existants. Bien que cette proposition semble aborder une problématique essentielle, elle est fermement contestée par les syndicats de médecins libéraux, qui la jugent inappropriée.

Ils argumentent que réguler la pénurie sans rendre la profession plus attractive ne résoudra pas le fond du problème. En effet, malgré une augmentation de 1,67% du nombre de médecins depuis 2024, la pratique libérale peine à séduire, surtout parmi les jeunes, qui préfèrent de plus en plus le salariat, découragés par une charge de travail élevée et une rémunération insuffisante. Cette situation est d’autant plus préoccupante pour les jeunes médecins algériens confrontés à des défis administratifs et culturels en France, en plus des difficultés professionnelles.
Beaucoup ont quitté l’Algérie, cherchant une stabilité qu’ils peinent à trouver, face à des conditions de travail exigeantes et mal rémunérées. De plus, le projet de loi prévoit d’éliminer la majoration des tarifs pour les consultations des patients sans médecin traitant, une mesure qui pourrait encore réduire leurs revenus. La loi propose également de réintroduire une permanence des soins ambulatoires en ville, une initiative vue d’un mauvais œil par les syndicats, car elle risque d’accroître la pression sur les jeunes médecins déjà très sollicités.
Ainsi, alors que l’Assemblée nationale se penche sur ce texte, les jeunes médecins algériens en France se retrouvent à un carrefour, tiraillés entre leurs aspirations et les réalités d’un système de santé en mutation. Pour eux, comme pour leurs homologues français, l’avenir semble incertain et la crainte d’une détérioration de leurs conditions de travail est palpable. Ils plaident pour des réformes qui amélioreraient la distribution des médecins et leur rémunération, tout en garantissant des soins de qualité pour les patients, sans compromettre leur bien-être et leur avenir professionnel.
La résolution de la crise des déserts médicaux apparaît ainsi beaucoup plus complexe que ce que propose le projet de loi.