Un rapport de NARCO (North Africa Risk Consulting) décrypte le projet du gazoduc Afrique Atlantique Gaz (GAA), soulignant sa nature ambitieuse, voire irréaliste économiquement parlant. D’après cette analyse, l’infrastructure nécessiterait un investissement impressionnant de 25 à 38 milliards de dollars. De plus, elle mettrait environ trois siècles avant de commencer à dégager des bénéfices économiques.
Le gazoduc en question : dimension et capacité
Le projet de gazoduc s’étend sur 5 600 kilomètres le long de la côte atlantique, impliquant treize pays africains avant de rejoindre le Maroc et de viser le marché européen. Avec une capacité prévue de 30 milliards de mètres cubes de gaz par an, le rapport souligne que la majorité serait consommée par les pays traversés et le Maroc lui-même. Selon NARCO, environ 40 millions de personnes en bénéficieraient directement, un chiffre bien inférieur au nombre initialement visé.
Comparaison et faisabilité
Le coût initial est d’environ 25 milliards de dollars, selon le rapport, mais pourrait grimper à 38 milliards, comparé à d’autres projets similaires, suggérant un manque flagrant de viabilité. Par exemple, le gazoduc Medgaz entre l’Algérie et l’Espagne a commencé à être rentable 12 ans après sa mise en place. NARCO estime que le GAA pourrait nécessiter 288 ans pour atteindre cet objectif. À l’inverse, le Trans-Saharan Gas Pipeline (TSGP), reliant le Nigeria à l’Algérie, est jugé plus réaliste, avec un coût de 13 milliards de dollars et une infrastructure partiellement existante.
Le soutien au projet marocain émane de la CEDEAO, de la Banque islamique de développement et du fonds de l’OPEP. Geoff Porter, de NARCO, note que les responsables marocains, bien qu’au fait des défis économiques, continuent à défendre le projet pour des raisons d’innovation perçue, malgré des retards dans la finalisation de l’étude de faisabilité initialement attendue pour 2024.