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Il avait été nommé médiateur de la République le 17 février 2020 : Fin de mission brutale pour Karim Younès

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Le 17 février 2020, le président Tebboune nomme Karim Younès au poste de médiateur de la République. Une mission jugée sensible et importante. Un an et trois mois plus tard, les services de la Présidence annoncent dans un communiqué laconique le limogeage de Karim Younès et son remplacement par Ibrahim Mourad, qui occupait jusqu’à hier le poste de conseiller, chargé de mission auprès de la présidence de la République pour le suivi des zones d’ombre.

Ce limogeage intervient à la veille de l’entame de la campagne électorale pour les législatives du 12 juin et aussi dans un contexte caractérisé par un climat de tensions inédit. Contacté, Karim Younès dit n’avoir reçu aucune notification quant à son limogeage, et qu’il a appris la nouvelle par «le bouche à oreille». «Dans la nouvelle Algérie, on apprend son limogeage dans la rue ! Autres temps, autres mœurs. Le principal concerné n’est pas informé. C’est terrible», regrette celui qui croyait être investi d’une mission pour contribuer à l’édification d’une nouvelle Algérie équitable.

Quelles sont les raisons de cette fin de fonction ? A cette interrogation, Karim Younès avance quelques pistes, notamment sa proposition pour l’ouverture d’un dialogue sans exclusive et le phénomène de la corruption qui est loin d’être éradiqué. «J’ai parlé de la corruption et j’ai insisté sur le dialogue. J’ai plaidé pour un consensus général et l’ouverture des portes du dialogue avec toutes les franges de la société. Dans le cas contraire, nous allons droit dans le mur. Apparemment, ce discours dérange, et pourtant c’est la réalité du terrain», dira l’ex-président de l’Assemblée populaire nationale (APN).

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Depuis sa nomination à la tête de cette instance, M. Younès a sillonné pratiquement toutes les villes du pays et, à chacune de ses haltes, il a sorti la grosse artillerie pour tirer sur les bastions de la corruption, les corrupteurs et la bureaucratie qui gangrènent toujours l’administration.Ce limogeage était dans l’air au regard du ton et des propositions formulées par Karim Younès lors de son dernier discours tenu en ce début du mois et qui tranche avec le discours officiel dominant, mais qui se rapproche beaucoup plus des préoccupations soulevées par les acteurs de l’opposition. Ainsi, le médiateur a privilégié la voie de la raison et de l’apaisement dans la recherche de solutions à la crise multidimensionnelle qui secoue le pays. Alors que la colère des Algériens s’intensifie, que le front social est en ébullition, le désormais ex-ministre d’Etat a ajouté, le 6 mai, une touche à ce triste décor.

Il a établi un constat alarmant de la situation. L’Algérie, selon ce commis de l’Etat, traverse une période critique, aux plans interne et externe, menaçant la stabilité des institutions et la paix sociale. «La manifestation populaire nationale du 22 Février 2019, qui s’est caractérisée par un sens de maturité politique ayant étonné le monde, a rappelé la nécessité de projeter notre nation vers un avenir de justice sociale et de respect des libertés.»

Partant de ce constat et des retombées de la crise sanitaire, mais aussi de celle liée à la chute des prix du pétrole, Karim Younès considère que pour faire face à cette crise, seul un front national de solidarité sera à même d’apporter les solutions. «Cette situation inédite nous impose de prioriser la recherche de solutions consensuelles (…). La période que nous traversons ne laisse pas de place à la confrontation politique ni à la compétition des programmes partisans.

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Elle appelle à la mobilisation de toutes les énergies afin d’éviter l’écroulement social aux conséquences imprévisibles, voire dramatiques pour toute la société, sans distinction d’appartenance idéologique.» C’est la première fois qu’un responsable de ce rang met le doigt sur la plaie, en tirant presque vertement la sonnette d’alarme sur les dangers qui menacent la paix sociale. En toute vraisemblance, les vérités de Karim Younès, qui est sollicité de partout et est devenu un potentiel concurrent, ainsi que son offre de dialogue n’ont pas plu aux tenants du pouvoir.

D’où sa mise à l’écart. Eloigné des projecteurs depuis sa démission sous la pression de Saïd Bouteflika en avril 2004, deux ans après son arrivée au perchoir, Karim Younès est revenu à la politique au moment où le pays était englué dans une grave crise politique et confronté à une impasse. Il avait accepté de faire partie du panel devant conduire le dialogue avec les différentes parties de la société. Un travail qui a été un prélude pour l’organisation des événements qui se sont succédé après l’élection présidentielle.

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