Mondafrique – La carrière fulgurante du général Kaidi qui le propulsa au rang du plus jeune général de sa génération et qui lui donna la confiance aussi bien de l’ancien chef d’état-major, Gaid Salah, que du nouveau patron des armées, le général Chengriha, lui a donné une aura sans doute à l’origine de son éviction brutale.
C’est le général Chengriha qui avait soutenu en mars 2020 la candidature du général Kaidi au poste hautement sensible au sein de l’Etat-major. de général major chargé du département de formation et préparation. Le contentieux qui est né progressivement entre les deux hommes ne se limitait pas aux questions d’organisation des régions militaires, mais de façon plus sensible ài celles relatives à la capacité de l’armée à faire face aux dangers extérieurs qui se précisaient de façon inquiétante (Libye, Maroc, Mali).
La mise à niveau insuffisante de certaines unités opérationnelles est en effet mise en avant par le général Kaidi qui fait remonter les inquiétudes venues de la base concernant le manque d’exercices et de manœuvres.
Les chefs de région dans le collimateur
Une guerre feutrée est apparue ces dernières semaines lorsque le général Kaidi a établi des rapports d’évaluation circonstanciés sur l’état des forces dans chaque région militaire. Plus grave aux yeux de l’État Major, sa démarche était soutenue par les chefs de régions, ces baronnies de l’institution militaire sans lesquels rien n’est possible.
Cette évaluation indépendante est apparue comme un défi insupportable au chef d’État-major Said Chengriha. Lequel convoque le général Kaidi, le 4 Novembre dernier, sous le prétexte d’étudier l’ensemble des problèmes nés du bras de fer avec le frère ennemi marocain. Ce jour là, le général major Kaidi relève la responsabilité du Polisario dans le contrôle approximatif du territoire qui lui est dévolu et dans la circulation inappropriée de civils algériens dans une zone classée militaire..C’est le pas de trop, son sort est scellé.
Le général Chengriha, formé à la soviétique, n’aime guère les tètes qui dépassent, et encore moins qu’on lui fasse de l’ombre. Le chef des armées a mal perçu la confiance que les chefs de régions au général Kaidi, tout comme il s’inquiète de la mobilisation des officiers du haut commandement pour recommander la candidature du même Kaidi comme chef des forces terrestres au remplacement du Général Athamnia.
Le grain de sable
Le poste du chef du département de la formation et de la préparation est une instance sensible au sein de l’état-major de l’armée algérienne. La planification, la coordination, et l’organisation des unités opérationnelles terrestres, aériennes, navales relèvent de ses prérogatives. Le Mohamed Lamari, l’ancien tout puissant chef d’état major, avait occupé le poste. Cette fonction octroie à son occupant une visibilité internationale puisqu’il représente l’institution dans les réunions à l’étranger sur la coopération sécuritaire.
Le 12 février 2021, se sont tenues les travaux de la 14ème session de comité mixte de la coopération sectorielle algéro-malienne. Le général Kaidi a participe en tant que représentant de l’ANP. Or, dans le contenu du communiqué final de l’état-major malien, on attribue au général Major Kaidi le titre de chef d’état-major adjoint. Le qualificatif a suscité l’ire du général Chengriha d’autant plus que le site internet de l’ambassade d’Algérie à Bamako a repris tel quel le communiqué de l’armée malienne. La visibilité à l’international, notamment auprès des Français, Allemands, Russes dérange la vieille garde du haut commandement.
L’armée algérienne plus divisée que jamais
Dans le cycle des purges auxquelles l’armée algérienne est confrontée ne prendra pas fin avec l’éviction du général major Kaidi. L’institution militaire désormais publiquement en première ligne est confrontée à des défis inédits à travers une crise économique et social sans précédent. À l’extérieur où le contexte géopolitique s’aggrave de jour en jour, l’armée est également très exposée.
Le haut commandement militaire pris en tenaille entre la montée des périls et un Hirak déterminé à déstabilise le pouvoir cherche à éliminer en son sein tout porteur de mauvaises nouvelles qui annoncerait que le Roi est nu et l’armée algérienne au bord de l’implosion.