Suite à la suspension du régime sans Visa Schengen pour les enclaves de Ceuta et Melilla, les résidents du nord du Maroc ont de plus en plus manifesté leur mécontentement face à une mesure perçue comme préjudiciable à leurs intérêts économiques et sociaux.
Une organisation marocaine a même saisi la Cour européenne, arguant que l’obligation d’obtenir un visa Schengen nuit à la relation étroite entre les communautés des deux côtés du détroit. Avant mars 2020, les habitants de Tétouan et Nador pouvaient se rendre librement dans ces enclaves. Cette circulation libre, résultant d’accords informels entre l’Espagne et le Maroc, facilitait le passage de travailleurs, commerçants et touristes.
Cependant, avec la fermeture des frontières due à la pandémie, ce dispositif a été interrompu et jusqu’à présent, il n’a pas été réinstauré, provoquant des protestations répétées de la part des locaux.
Une démarche auprès des organismes européens
L’Association du Grand Rif pour les Droits de l’Homme a initié une démarche juridique auprès des organismes européens pour contester l’imposition du visa Schengen aux résidents des régions nordiques. Said Charmati, le président de l’association, a critiqué cette mesure comme étant une infraction aux accords bilatéraux existant entre le Maroc et l’Espagne, et l’a qualifiée de contraire à certains accords internationaux qui protègent la libre circulation des personnes.
Il souligne que les restrictions imposées affectent gravement les activités économiques transfrontalières, sur lesquelles de nombreuses familles dépendaient pour leurs revenus à travers le commerce et les services entre les deux zones. L’obligation de visa restreint ces échanges et perturbe l’équilibre économique de la région. L’association estime que cette politique avantage une petite partie de la population au détriment de la majorité qui est privée des bénéfices de l’échange transfrontalier.
Lancement d’un large appel à l’action
L’organisation a lancé une campagne sur les réseaux sociaux pour encourager les habitants de Nador, Tétouan et des régions voisines à soutenir une action légale. Elle affirme que cette démarche est légitime pour revendiquer la restitution des droits d’accès aux enclaves. L’action en justice s’appuie sur des arguments issus des lois espagnoles, marocaines et européennes.
Cette situation soulève des questions sur la gestion différenciée des frontières dans une région qui a toujours été ouverte. Elle remet aussi en question le rôle des zones frontalières dans les politiques de sécurité et de mobilité.
Recourir à la justice européenne pourrait établir un précédent pour d’autres cas similaires où des communautés locales sont limitées dans leur accès à des territoires voisins avec lesquels elles ont des liens historiques.