Le visa doré suisse est de nouveau sur la sellette. Les Verts dénoncent un système inégalitaire et opaque, tandis que la droite défend ses retombées économiques.
Suisse : le visa doré sous pression, entre inégalités et intérêts économiques
En Suisse, le débat sur le visa doré Schengen refait surface, attisé par les critiques croissantes sur ce programme destiné aux investisseurs non européens fortunés. Introduit en 2008, ce dispositif permet d’obtenir un permis de résidence contre des investissements conséquents, mais il est aujourd’hui accusé d’institutionnaliser une immigration à deux vitesses.
Les Verts dénoncent un système injuste
Le Parti vert suisse, par la voix du député Balthasar Glättli, réclame l’abandon pur et simple du visa doré. Selon lui, ce programme crée une discrimination fondée sur la richesse, et accorde des privilèges à ceux qui ont les moyens, au détriment de l’égalité devant la loi migratoire. « Ce qui me dérange, c’est que tout le monde n’est pas traité de manière égale », affirme-t-il.
Mais les critiques ne s’arrêtent pas là. Glättli soulève également des doutes sur l’origine des fonds investis et s’inquiète du profil de certains bénéficiaires, notamment des ressortissants russes et chinois, potentiellement proches de régimes autoritaires. Pour les Verts, la question éthique est aussi centrale que les enjeux économiques.
Une attractivité toujours forte
Malgré les critiques, le visa doré continue de séduire. En 2025, 496 personnes en bénéficient contre 404 en 2022, selon le Secrétariat suisse aux migrations. Le montant exigé varie selon les cantons, allant de 250 000 CHF à Obwald à plus d’un million de CHF à Zurich. Certains cantons offrent également des régimes fiscaux avantageux, à condition que les revenus ne soient pas générés localement.
Cette stratégie vise à renforcer l’attractivité économique de la Suisse, notamment face à ses voisins européens. Les bénéficiaires peuvent aussi, après dix ans, demander la nationalité suisse, un point qui alimente encore davantage la controverse.
L’UDC défend le dispositif
À l’opposé des Verts, l’Union démocratique du centre (UDC), parti de droite populiste, soutient fermement le maintien du visa doré. Pour la députée Barbara Steinemann, cette immigration ciblée est « bénéfique pour la société et pour l’économie ». L’UDC voit dans ce programme un moyen d’attirer des individus à haut pouvoir d’achat et de renforcer la compétitivité fiscale du pays.
Un modèle critiqué au-delà des frontières
La Suisse n’est pas une exception : plusieurs pays européens disposent de dispositifs similaires, notamment le Portugal, l’Espagne ou l’Irlande. Mais face aux critiques sur leur manque de transparence et les scandales financiers qu’ils ont suscités, certains de ces États ont restreint ou supprimé leurs programmes.
En Suisse, le débat est loin d’être clos. Entre impératifs éthiques, souveraineté migratoire et intérêts économiques, la question du visa doré soulève un dilemme : faut-il continuer à monnayer l’accès au territoire helvétique, ou redéfinir les conditions d’une immigration plus équitable ?