En Algérie, une différence persistante existe entre les taux de change administrés officiellement et ceux pratiqués sur le marché parallèle. L’existence de cette dualité a des conséquences économiques et légales profondes, notamment en lien avec l’article 145 de la loi monétaire et bancaire n° 23-09 instaurée le 21 juin 2023.
Unification des marchés de change en Algérie : nécessité et perspectives
L’expert Abderahmi Bessaha du Fonds monétaire international plaide pour une unification graduelle des marchés de change, soulignant son importance capitale pour la stabilité économique du pays. Selon lui, l’article 145 stipule précisément cette unification, imposant aux autorités concernées de faire converger les taux de change pour minimiser les disparités. Le fossé actuel entre les taux officiel et parallèle impacte directement le dinar, la compétitivité des exportations et la gestion des réserves.
Stratégies de stabilisation et réformes structurelles pour des marchés de change unifiés
Abderahmi Bessaha propose une feuille de route s’articulant autour de plusieurs étapes clés pour réaliser cette unification. Initialement, l’accent est mis sur la stabilisation macroéconomique, incluant la réduction des déficits budgétaires et l’instauration d’une transparence institutionnelle renforcée. Ensuite, des réformes structurelles sont envisagées, telles que la modernisation du secteur bancaire et la diversification des exportations hors hydrocarbures. La transition progressive vers un taux unique est la troisième étape, nécessitant des ajustements du taux officiel pour se rapprocher du taux parallèle, ainsi que des assouplissements des restrictions sur les devises. Enfin, la gestion des risques de transition inclut la surveillance de l’inflation et la protection des ménages vulnérables grâce à des mesures ciblées.
Leçons des expériences internationales
Bessaha cite plusieurs pays dont les expériences en matière d’unification des marchés de change valent la peine d’être examinées. En Inde, la démonétisation de 2016 a causé une perte de confiance due à un manque de préparation. Au Nigeria, entre 2015 et 2017, l’intégration du marché interbancaire a réduit l’écart des taux. L’Égypte a vécu une inflation accrue en 2016 après avoir flotté complètement sa monnaie, mais en a retiré à long terme une crédibilité monétaire. En Argentine, de 2011 à 2016, une méthode d’unification progressive a été mise en place avec un contrôle renforcé du marché parallèle. Ces cas offrent diverses approches, chacune influencée par le contexte unique de chaque pays.