Face à une pénurie de main-d’œuvre nationale, la Grèce lance un appel massif aux travailleurs étrangers pour répondre aux besoins urgents du secteur touristique en pleine croissance.
Une pénurie critique dans le secteur touristique grec
Alors que la haute saison touristique approche à grands pas, la Grèce fait face à un manque criant de personnel dans les métiers de l’hôtellerie et de la restauration. Le pays, qui espère battre des records d’affluence cet été, cherche à pourvoir 80 000 postes vacants dans les domaines du service, de la cuisine, de la sécurité balnéaire ou encore de l’accueil. Les jeunes Grecs, autrefois pilier de ces métiers, désertent désormais ce secteur, préférant des emplois stables aux horaires fixes. En parallèle, les conditions précaires offertes par les employeurs – contrats saisonniers, salaires modestes et faible couverture sociale – n’aident pas à inverser la tendance.
Le manque de personnel s’explique également par un phénomène d’exode : des dizaines de milliers de Grecs ont quitté le pays ces dernières années, attirés par des opportunités plus stables à l’étranger. Pour endiguer cette crise, certains restaurateurs et hôteliers essaient d’attirer les candidats restants en proposant de meilleures rémunérations et un environnement de travail plus respectueux. Malgré ces efforts, le secteur peine à se relever sans un apport extérieur.

Recrutement international et régularisation de migrants au cœur des solutions
Pour combler le vide, la Grèce adopte désormais une stratégie offensive : elle ouvre davantage ses portes aux travailleurs étrangers. Le gouvernement a récemment régularisé 30 000 migrants en situation irrégulière et a entamé des partenariats avec plusieurs pays comme l’Égypte, le Vietnam, le Bangladesh ou la Moldavie pour organiser un flux contrôlé de main-d’œuvre. Ces accords visent à répondre à une urgence immédiate, tout en posant les bases d’une politique migratoire plus pragmatique.
Des voix s’élèvent également pour dénoncer le paradoxe entre les expulsions de migrants et les besoins criants de l’économie nationale. Sofia Kouvelaki, à la tête de l’organisation Home Project, rappelle que des centaines de milliers de postes devront être pourvus dans les prochaines décennies et que de nombreux jeunes migrants, s’ils sont correctement encadrés, peuvent parfaitement répondre à cette demande. Pour la Grèce, le défi est désormais clair : adapter son modèle économique à une réalité démographique nouvelle, où la diversité de la main-d’œuvre devient un levier de survie et de croissance.