En plein conflit diplomatique entre Alger et Paris, le ministre français de l’Intérieur maintient fermement sa position. Bruno Retailleau a réaffirmé sa détermination à engager un bras de fer avec l’Algérie, notamment sur la question des laissez-passer consulaires, indispensables pour exécuter les OQTF (obligations de quitter le territoire français). Interviewé par *Le Parisien* à l’occasion des dix ans de l’attentat contre *Charlie Hebdo*, Retailleau a été interrogé sur les difficultés, liées aux tensions diplomatiques, d’expulser vers l’Algérie des influenceurs algériens récemment arrêtés pour incitation à la violence. « Il est effectivement nécessaire d’obtenir des laissez-passer consulaires, ce qui implique d’assumer un rapport de force », a-t-il répondu.
Début octobre, Retailleau avait suggéré un dialogue avec le Maroc, un pays qu’il dit « respecter énormément », tout en menaçant d’un bras de fer l’Algérie, qu’il a qualifiée de « pays récalcitrant ». Concernant les influenceurs algériens arrêtés vendredi et dimanche derniers, le ministre a assuré que, « quoi qu’il en soit », ils « seront jugés ». Il a précisé que le premier devait comparaître dès lundi, tandis que les deux autres seront jugés les 1ᵉʳ et 24 février. « Ces individus mettent à l’épreuve la résistance de la République : assumons le rapport de force ! Je ne laisserai rien passer, jamais », a-t-il affirmé.
Les trois influenceurs en question ont été interpellés à Brest, Échirolles et Montpellier pour avoir diffusé sur TikTok des appels à la violence contre des activistes algériens vivant en France et pour apologie du terrorisme. Bruno Retailleau a lui-même annoncé ces arrestations sur le réseau X (anciennement Twitter), en accompagnant chaque publication du même message : « Ne rien laisser passer ».
Relations entre la France et l’Algérie : Bruno Retailleau maintient sa position et réaffirme ses propos
L’arrestation des trois influenceurs intervient dans un contexte de fortes tensions entre l’Algérie et la France. Le lundi 6 janvier, le président Emmanuel Macron a vivement critiqué l’Algérie, déclarant qu’elle se « déshonore » en maintenant en détention l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal. Le 18 décembre, Bruno Retailleau avait réaffirmé sa position sur les laissez-passer consulaires, déclarant sur BFMTV : « Lorsque les pays coopèrent avec nous, nous pouvons délivrer les visas, mais en l’absence de coopération, je suis pour un blocage clair et net. »
Concernant l’affaire Sansal, il a ajouté que « la France pourrait envisager un certain nombre de réponses » si l’écrivain n’était pas libéré. Dans une interview accordée au **Parisien**, Retailleau a également réitéré ses positions bien connues sur des sujets comme l’immigration et le port du voile islamique. « Le voile n’est pas un simple morceau de tissu : c’est un symbole de l’islamisme et un marqueur de l’infériorisation des femmes par rapport aux hommes », a-t-il affirmé, se déclarant favorable à son interdiction, y compris à l’université. Sur la politique migratoire du nouveau gouvernement, le ministre de l’Intérieur a adopté une ligne tout aussi ferme, déclarant : « Pour ma part, je ne céderai rien sur l’immigration. »
Bruno Retailleau est l’une des figures françaises dont les déclarations ont contribué à détériorer encore davantage les relations avec l’Algérie. Il milite notamment, aux côtés de l’ancien ambassadeur de France en Algérie, Xavier Driencourt, pour l’abrogation de l’accord algéro-français de 1968 sur l’immigration. Cet accord, selon le président algérien Abdelmadjid Tebboune, est désormais perçu comme « l’étendard derrière lequel s’organise l’armée des extrémistes », une déclaration qu’il avait faite en octobre dernier.