L’avenir du constructeur automobile français Renault Algérie semble de plus en plus incertain. Après avoir dominé les ventes dans le pays pendant près de deux décennies, l’entreprise fait face à de sérieuses menaces en raison des tensions diplomatiques croissantes entre l’Algérie et la France.
La crise, qui a atteint un niveau sans précédent depuis le 31 juillet dernier, a été déclenchée par la reconnaissance par le président Emmanuel Macron de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental. Cette situation s’est aggravée avec l’arrestation et l’emprisonnement de Boualem Sansal à la mi-novembre, ainsi que l’échec de l’expulsion d’un influenceur algérien le 9 janvier. Dans ce climat de relations presque rompues, marqué par des menaces de représailles économiques et politiques, Renault, déjà en difficulté, pourrait en subir les conséquences.
Renault Algérie : l’attente prolongée pour la reprise des activités
Selon nos sources, le constructeur français trouve de plus en plus de difficultés à garder en vie sa filiale algérienne. Faute d’autorisation pour reprendre les importations et rouvrir l’usine d’Oran, Renault se dirige tout droit vers un départ d’Algérie.
« Renault a investi 15 à 20 millions d’euros pour se conformer au nouveau cahier des charges relatif à la construction de voitures en Algérie. Si la situation actuelle perdure, Renault va partir cette année. Il ne pourra pas supporter une nouvelle année sans activités », explique une source proche du dossier.
Depuis 2020, l’usine algérienne de la marque au losange est fermée, après la décision des autorités algériennes de mettre fin au dispositif fiscal avantageux dont bénéficiaient les constructeurs automobiles pour importer les kits nécessaires pour le montage de leurs voitures en Algérie. Située à Oued Tlelat près d’Oran, l’usine de Renault est la première du genre à avoir vu le jour en Algérie en 2014. Elle a été inaugurée en grande pompe et devait être le fer de lance de la renaissance de l’industrie automobile algérienne, devenue obsolète.
Mais les changements politiques survenus en 2019 avec la démission du président Abdelaziz Bouteflika, chassé par le hirak populaire après 20 ans de règne, ont brutalement changé la donne sur le marché automobile algérien. Les propriétaires algériens des unités de montage de voitures qui ont poussé comme des champignons dans le pays ont été arrêtés et condamnés à de lourdes peines de prison. Une nouvelle réglementation est entrée en vigueur en novembre 2022 pour encadrer l’importation des véhicules neufs et la fabrication automobile. Le premier constructeur étranger à opérer son retour, dans le cadre de la nouvelle réglementation, est le groupe franco-italo-américain Stellantis, avec sa marque Fiat.
En mars 2023, Fiat Algérie a entamé l’importation de neuves voitures reprise la réalisation de l’usine qui devait accueillir la marque Peugeot à Sahraoui, près d’Oran. Des agréments ont été donnés à des constructeurs chinois, mais ces derniers peinent à lancer leurs activités en Algérie, en raison des lenteurs liées à l’obtention des autorisations d’importation.
Pour Renault Algérie, qui a été épargnée par les poursuites judiciaires, elle n’a pas encore obtenu d’agréments pour reprendre ses activités de vente et de montage de voitures. En novembre dernier, la direction de Renault production Algérie qui réduit fortement ses effectifs, a démenti la fermeture de l’usine alors que des rumeurs avaient circulé sur sa décision de renoncer au marché algérien.