Après huit mois de tensions, Abdelmadjid Tebboune et Emmanuel Macron annoncent la fin de la crise algéro-française. Un tournant majeur aux multiples enjeux.
Un coup de théâtre diplomatique : Paris et Alger enterrent la hache de guerre
C’est un revirement inattendu ! Huit mois jour pour jour après l’escalade des tensions, les présidents Abdelmadjid Tebboune et Emmanuel Macron ont décidé de tourner la page de la crise algéro-française. Une conversation téléphonique, qualifiée de « franche et amicale » par la présidence algérienne, a permis d’apaiser les tensions et de relancer une coopération mise à mal.
Une crise née d’une reconnaissance explosive
Le détonateur ? La décision de Macron, le 31 juillet dernier, de reconnaître la marocanité du Sahara occidental. Un acte perçu comme une provocation par Alger, déclenchant un gel des relations et une série d’accusations cinglantes des deux côtés de la Méditerranée.
Aujourd’hui, l’heure est à la désescalade, avec un retour au dialogue « égalitaire » et une volonté affichée de bâtir une relation stable et mutuellement bénéfique.
Des engagements concrets pour une relance rapide
1- Reprendre le dialogue sur la mémoire instauré par “la Déclaration d’Alger d’août 2022”.
2- Revenir à un dialogue “égalitaire” entre les deux pays. Une nécessité dictée par “la force des liens – notamment humanitaires – qui unissent l’Algérie et la France, les intérêts stratégiques et sécuritaires des deux pays, ainsi que les défis et crises auxquels sont confrontés l’Europe et le bassin méditerranéen-africain”, selon le communiqué de la présidence de la République.
3- Travailler dans un “esprit d’amitié” pour insuffler une nouvelle ambition à cette relation bilatérale.
4- Reprendre « immédiatement » la coopération en matière de sécurité entre les deux pays.
5- Tebboune et Macron ont également souligné “la nécessité de reprendre immédiatement une coopération fiable, fluide et efficace en matière de migration, permettant de traiter tous les aspects de la circulation des personnes entre les deux pays dans une approche axée sur les résultats qui répond aux préoccupations des deux pays”.
6- Ils ont décidé de reprendre la coopération judiciaire. Une visite de Gérald Darmanin, ministre français de la Justice, est prévue.
7- Développer la coopération économique entre les deux pays. Dans ce contexte, “le président Macron a informé le président Tebboune du soutien de la France à la révision de l’accord de partenariat entre l’Algérie et l’Union européenne”, précise le communiqué.
8- Macron a appelé Tebboune à “faire un geste de clémence et d’humanité envers M. Boualem Sansal, compte tenu de l’âge et de l’état de santé de l’écrivain”.
9- Jean-Noël Barrot, ministre français des Affaires étrangères, se rendra à Alger le 6 avril à l’invitation de son homologue algérien, Ahmed Attaf.
“Cette visite sera l’occasion de déterminer les détails de cet ambitieux programme de travail, ses modalités de mise en œuvre et son calendrier. De cette façon, il deviendra clair que l’aspiration commune à une relation caractérisée par l’optimisme, le calme et le respect des intérêts des deux parties conduira à des résultats tangibles”, détaille la présidence algérienne.
10- Macron et Tebboune “ont convenu en principe de tenir une réunion dans un avenir proche”, conclut le communiqué de la présidence.
Une rencontre Macron-Tebboune en préparation
Ce réchauffement diplomatique devrait se concrétiser avec la visite du ministre français des Affaires étrangères à Alger le 6 avril. Mieux encore, une rencontre entre les deux présidents est déjà dans les cartons. Un véritable tournant ou une simple accalmie ? Les prochains mois seront décisifs pour mesurer la sincérité de cette réconciliation et son impact sur les relations franco-algériennes.