Gérald Darmanin relance le débat sur la disparition du cash en France. Entre contraintes juridiques, enjeux sociaux et défis techniques, la fin de l’argent liquide reste improbable à court terme.
Une volonté politique face à des obstacles de taille en France
Le 24 mai 2025, devant le Sénat, le ministre de la Justice Gérald Darmanin a ravivé un vieux débat : faut-il supprimer l’argent liquide en France ? Présentée comme une mesure pour lutter contre les trafics et la fraude, cette idée suppose un changement radical du système monétaire. L’objectif serait de renforcer la traçabilité des paiements grâce aux solutions numériques, qui permettent une surveillance instantanée des flux financiers. À l’inverse, les espèces restent non traçables, ce qui, selon le gouvernement, favorise les activités illégales.
Cependant, cette volonté se heurte à des habitudes bien ancrées. En 2024, 43 % des transactions se faisaient encore en espèces. Une étude récente de la Banque de France révèle que 60 % des Français tiennent à pouvoir payer en liquide, notamment pour les petites dépenses quotidiennes. Le cash reste donc une pratique profondément enracinée, notamment chez les personnes âgées, les populations rurales ou non bancarisées.

Entre contraintes légales, impact social et coût économique
La loi française actuelle protège encore l’usage du liquide. L’article L112-5 du Code monétaire et financier oblige les commerçants à l’accepter, sauf exception. Le cadre européen, quant à lui, rend encore plus complexe une telle réforme. La Banque centrale européenne détient le monopole d’émission monétaire et une suppression unilatérale des espèces violerait ses compétences, nécessitant une réforme coordonnée au niveau européen.
Supprimer le liquide aurait aussi des conséquences économiques importantes : dans le secteur du tourisme, par exemple, les visiteurs étrangers préfèrent souvent les paiements en espèces. En outre, de nombreux Français restent éloignés du numérique, ce qui pourrait aggraver l’exclusion sociale. Le coût logistique serait aussi colossal : retrait des billets, adaptation des terminaux, sécurisation des réseaux…
Face à ces réalités, Gérald Darmanin a lui-même tempéré ses propos dès le lendemain sur RTL, évoquant plutôt une piste de réflexion qu’un projet immédiat. Le sujet touche aussi à une liberté fondamentale : pouvoir acheter sans être surveillé. Pour l’heure, la suppression du cash en France reste donc une éventualité hypothétique, nécessitant de profonds ajustements juridiques, techniques et sociaux.