Depuis le 9 Août dernier, plus de 70 personnes ont perdu la vie dans les incendies en Kabylie. Si ces derniers sont en passe d’être maitrisée grâce à l’aide étrangère, la presse algérienne elle, s’indigne.
« À mains nues contre le feu », s’exclame le quotidien El Watan, jeudi 12 août, au quatrième jour des incendies qui sévissent en Kabylie. Les heures ont été longues pour les Algériens qui se sont retrouvés livrés à eux-mêmes sur le terrain. « Citoyens et bénévoles affrontent [seuls] des feux gigantesques avec des pelles et des branches d’arbres », raconte le journal algérien.
L’aide extérieur signe d’un échec
« Faute de disposer de matériel adapté, Alger a été contraint de se tourner vers l’extérieur. Le 12 août, la France a déployé deux canadairs dans les zones touchées par les incendies. De plus, un changement de ton notable s’est opéré avec Rabat – les deux voisins connaissent des tensions diplomatiques régulières –, qui a mis à disposition d’Alger deux bombardiers d’eau. Le 13 août, c’est au tour de l’Espagne d’envoyer deux canadairs. Des ponts de solidarité qui révèlent une difficile gestion de la crise, l’Algérie ne disposant pas de canadairs. « Cela a terriblement manqué », déplore le site d’information algérien TSA.
Si les autorités ont annoncé vendredi 13 août que les incendies étaient maîtrisés ou en passe de l’être, le constat demeure amer. Sur place, « les citoyens ont même ‘oublié’ d’attendre les secours officiels », ironise cet éditorialiste de Liberté. En mettant en parallèle la gestion des incendies et celle de la crise sanitaire, le titre dénonce l’incapacité du pouvoir à “reconnaître sa défaillance” et à “admettre le caractère salutaire de vagues d’initiatives privées”. Liberté conclut :
Le pouvoir aurait tort de vouloir nier le message politique de cet épisode marqué par une substitution, par nécessité, de la société à l’État : c’est une forme magistrale de contestation de l’ordre en place.”
Plus de 70 personnes ont trouvé la mort dans ces incendie (71 selon l’AFP, 75 selon le site TSA). Le pays est depuis plusieurs années traversé par une vague de mécontentement, catalysée dans le mouvement populaire du Hirak. Alors que ce dernier s’est quasiment éteint ces derniers mois, un tel drame pourrait raviver sa flamme.