C’est une déclaration qui fait l’effet d’un séisme diplomatique. Dimanche, le Royaume-Uni a brisé un tabou : pour Londres, le plan marocain au Sahara occidental est désormais “la solution la plus crédible”. Une sortie qui fait bondir Alger.
Un virage britannique qui scandalise Alger
Dans un communiqué ferme, l’Algérie a exprimé son « profond regret » après les propos du chef de la diplomatie britannique, David Lammy. Dimanche, ce dernier a affirmé que le plan d’autonomie proposé par le Maroc constituait “la solution la plus crédible” au conflit du Sahara occidental. Une prise de position perçue comme un abandon discret du principe d’impartialité historique de Londres.
Mais Alger contre-attaque. Le ministère des Affaires étrangères souligne que ce plan, vieux de 18 ans, n’a jamais été soumis à l’approbation des Sahraouis. Il rappelle également que le Royaume-Uni, malgré ses propos, n’a pas reconnu la souveraineté du Maroc sur le territoire. David Lammy, tentant de ménager les positions, a rappelé lors de la même conférence de presse le droit à l’autodétermination des peuples, selon les principes onusiens. Une tentative d’équilibre… qui ne calme en rien la tension.
Vers une vague pro-marocaine en Europe ?
La déclaration britannique ne tombe pas du ciel. Elle s’inscrit dans une dynamique diplomatique de plus en plus favorable au Maroc sur le dossier saharien. L’Espagne, puis l’Allemagne, ont tour à tour reconnu le plan d’autonomie marocain comme base sérieuse de négociation. En juillet 2024, c’est Emmanuel Macron lui-même qui a jeté un pavé dans la mare en parlant de la “souveraineté de Rabat” sur le Sahara occidental. Résultat : crise ouverte entre Paris et Alger.
La position britannique ajoute une nouvelle couche de complexité à ce dossier explosif. Le Sahara occidental, ex-colonie espagnole, est majoritairement contrôlé par le Maroc depuis 1975, bien que l’ONU continue de le classer comme territoire non autonome. Le référendum d’autodétermination prévu en 1991 ? Jamais organisé.
Une fracture diplomatique plus visible que jamais
Ce revirement du Royaume-Uni ne devrait pas rester sans conséquence. Alger voit se rétrécir son cercle d’alliés occidentaux, alors que les positions pro-marocaines s’alignent les unes après les autres. Le Front Polisario, soutenu par l’Algérie, reste quant à lui campé sur l’organisation d’un référendum, qui s’éloigne chaque jour un peu plus.
Le timing est stratégique, à la veille de nouveaux pourparlers onusiens. Le message est clair : le Maroc gagne du terrain sur la scène diplomatique. Pour Alger, le coup est rude. Et la bataille de narration autour du Sahara occidental s’annonce plus féroce que jamais.