Algerie Part Plus – La situation politique en Algérie devient de plus en dangereuse et inextricable. Au sein du sérail algérien, des luttes intestines prennent une ampleur dramatique à cause de plusieurs opérations de manipulation qui visent à torpiller l’équilibre très fragile de l’Etat algérien depuis l’arrivée au Palais Présidentiel d’El-Mouradia d’Abdelmadjid Tebboune. Ces derniers jours, ces manoeuvres de déstabilisation et ces manipulations ordurières ont redoublé d’intensité pour pousser le pays vers un pourrissement généralisé dans l’ultime but de justifier un Coup d’Etat militaire ou une intervention musclée de l’establishment militaire. Explications et révélations.
Ces manoeuvres ont franchi une nouvelle ligne rouge depuis l’affaire du meurtre barbare de Djamel Bensmail le 11 août dernier à Larbaâ Nath Irathen en Kabylie. Ce drame est en train d’être instrumenalisé par la propagande politique du régime algérien afin d’asseoir encore un contrôle absolu sur le pays en neutralisant toutes les tendances de l’opposition qui peuvent encore rallumer la flamme du Hirak, le fameux mouvement de contestation populaire. Le mode d’emploi est clairement affiché et assumé : faire porter le chapeau du meurtre horrible de Djamel Bensmail à toutes les figures de l’opposition radicale ou pacifique en Algérie.
Le plan a débuté en imputant la responsabilité de ce plan au détesté et diabolisé Mouvement pour l’Autodétermination de la Kabylie (MAK). Un mouvement politique minoritaire qui suscite la controverse et donc le buzz puisqu’il véhicule des idées radicales consistant à séparer la Kabylie du reste de l’Algérie. Cette radicalité est du pain béni pour les appareils idéologiques et sécuritaires du régime algérien. Et pour cause, elle leur permet facilement de mettre sur le dos du MAK toutes les horreurs de l’affaire Djamel Bensmail. Ce qui justifie ainsi le classement du MAK comme un mouvement terroriste qu’il faut combattre, violemment et brutalement. Ensuite, tout devient facile : il suffit pour discréditer un opposant ou activiste anti-pouvoir de l’associer au MAK. C’est, d’ailleurs, ce que le régime algérien a fait en collant au mouvement Rachad, un mouvement qualifié par ses détracteurs d’islamistes mais qui regroupe en son sein de nombreux influenceurs très suivis par la rue algérienne, l’étiquette d’un allié du… MAK. La propagande officielle a tout fait pour impliquer Rachad aux côtés du MAK dans le crime de Djamel Bensmail et dans les feux de forêt en Kabylie.
Jusque-là, ce plan était plus au moins « contrôlable » et faisait l’unanimité au sein du régime algérien. Mais depuis le début de ce mois de septembre, de dangereuses nouvelles manipulations ont vu le jour et cette fois-ci, elles sont l’oeuvre d’un seul clan qui travaille sur un plan machiavélique. En effet, ces derniers jours, une nouvelle propagande a été lancée pour associer aux horreurs du crime de Djamel Bensmail et des feux de forêt en Kabylie des figures politiques qui n’ont strictement aucun lien avec Rachad ou le MAK. Sur les réseaux sociaux, des informations totalement affolantes ont été diffusées par des Youtubeurs ou des médias sociaux proches du pouvoir algérien pour accuser le RCD de Mohcine Belabbas, l’un des opposants les plus crédibles et actifs en Algérie. Cette nouvelle propagande veut nous faire croire que des témoignages concordants recueillis par les services de sécurité ont indiqué l’implication de militants du RCD dans les incendies ravageurs des feux de forêt ! Si cette propagande est absurde, elle n’est pas innocente car elle veut retourner l’opinion publique contre un parti de l’opposition qui peut jouer un rôle important dans le retour du Hirak.
Encore plus surprenant, cette nouvelle propagande accuse même le patron du FLN, Baadji Abou El Fadhel, d’avoir contribué aux horreurs des feux de forêt en Kabylie. Mensonges, Fake News ou grossière désinformation. C’est certain. Mais le vrai problème est ailleurs. Le principal diffuseur de ces accusations fantasmagoriques est un Youtubeur établi à Londres qui travaille directement sous la coupe d’anciens officiers supérieurs de la Direction Centrale de la Sécurité de l’Armée (DCSA), l’un des services de renseignement les plus puissants du pays. Et dans sa communication psychotique, ce propagandiste est allé jusqu’à accuser le Président Tebboune de fermer les yeux sur la présence dans son entourage de « traîtres », de « collaborateurs » avec des puissances étrangères qui oeuvrent pour empêcher la Justice algérienne de convoquer tous les acteurs politiques cités par les témoins dans l’affaire du crime de Djamel Bensmail.
Ce scénario qui semble irrationnel obéit en réalité à un agenda machiavélique car à l’origine de cette nouvelle propagande, nous retrouvons les anciens caciques des services secrets des années 90. Il s’agit, selon nos investigations, des tous les officiers qui ont travaillé sous la coupe de M’henna Djebbar, l’un des dirigeants les plus emblématiques du renseignement militaire algérien, l’homme qui a dirigé la DCSA de 1993 jusqu’à… 2013. Il est considéré comme l’un des piliers des arcanes du pouvoir militaire algérien depuis les années 90. Il avait dirigé en décembre 2013 le Bureau d’organisation, qu’occupait le général-major Lakhdar Tireche, appelé à lui succéder à la tête de la DCSA. M’henna Djebbar avait même été pressenti en 2014 pour remplacer le général Toufik à la tête du DRS.
Réhabilité après avoir été emprisonné par le défunt Ahmed Gaid Salah de fin octobre 2019 jusqu’à fin juillet 2020, M’henna Djebbar a oeuvré secrètement pour le retour de plusieurs de ses fidèles collaborateurs durant son long règne sur la DCSA. Le vieux général-major a voulu profiter de la disparition d’Ahmed Gaid Salah pour se lancer dans la conquête du pouvoir en créant autour de lui un lobby puissant. Le chef de file de ce lobby est le colonel Omar, frère ainé de l’actuel patron de la Direction Centrale de la Sécurité de l’Armée (DCSA), le général Sid Ali Ould Zemirli.
Le retour aux commandes de la DCSA du général Sid Ali Ould Zemirli, l’homme avait déjà dirigé cette institution sensible de novembre 2018 jusqu’à avril 2019, a permis à son frère le colonel Omar de revenir sur les devants de la scène pour devenir un influent lobbyiste tissant une véritable toile d’araignée au sein de plusieurs services de sécurité avec pour objectif de dégommer des adversaires qui refusent de se soumettre au diktat d’un nouveau clan qui a émergé dans le sillage de l’anarchie ayant ébranlé l’Algérie dés la mort d’Ahmed Gaid Salah, l’ex-puissant Chef d’Etat-Major de l’ANP.
Les anciens officiers et collaborateurs de M’henna Djebbar ont donc pu donner naissance à leur clan en arrachant le retour au sein des services secrets algériens de plusieurs de leurs alliés comme le colonel Hocine Hamid alias Boulahya, l’actuel chef de la cellule anti-subversion de la Direction de la Documentation et de la Sécurité Extérieure (DDSE), le renseignement extérieur algérien. En parallèle des alliances ont été nouées avec plusieurs autres officiers au sein de la Direction générale de la Sécurité Intérieure (DGSI) et autres directions ou services de sécurité comme la DGSN ou la Gendarmerie Nationale. Ce clan paramilitaire a pris de l’importance depuis le début de l’année 2021 et ses adversaires redoutaient sa puissance de frappe en raison de ses relais partout au sein des institutions militaires et sécuritaires.
Au départ, ce clan voulait placer ses hommes dans trois postes : le patron de la DGSI, le patron de la DDSE et le patron de la DCSA pour contrôler finalement tous les appareils sécuritaires du pays et disposer ainsi d’une influence sans précédent sur l’Etat-Major de l’ANP et la Présidence de la République. Or, ce plan a échoué en raison de plusieurs fuites et des révélations faites essentiellement sur Algérie Part qui ont dévoilé ces manoeuvres scélérates. La médiatisation inédite à laquelle a été exposé brutalement le clan des anciens officiers de M’henna Djebbar l’a contraint à revoir sa copie. Comme il ne peut pas placer ses hommes à la tête des directions des services, une autre option a été choisie. Laquelle ? Provoquer un clash entre l’Etat-Major de l’ANP et le Palais Présidentiel d’EL-Mouradia, manipuler l’opinion publique en essayant de convaincre les algériennes et les algériens que l’entourage du Président Abdelmadjid Tebboune est composé de traitres et de personnages dangereux. Ensuite intoxiquer la DCSA et manipuler les rapports sécuritaires qui seront remis à l’Etat-Major de l’ANP pour le convaincre que le pays est en danger, que le Maroc finance et encourage le MAK à prendre les armes, que Rachad milite grandement pour le retour du Hirak, mais cette fois-ci en usant de la violence, etc. Ces intoxications ont pour seul but d’inciter le haut commandement militaire à envisager la reprise en main du pouvoir politique et de décréter un Etat d’Urgence ferme et strict sur l’ensemble du territoire national.
Au final, tous les ingrédients d’un Coup d’Etat justifié seront réunis : un Président faible et dangereusement mal-entouré, une sécurité nationale menacée par des mouvances alliées avec le voisin ennemi marocain, une rue bouillonne qui peut exploser à n’importe quel moment, il n’en faut pas plus pour programmer un Coup d’Etat militaire et un retour au début des années 90 avec l’instauration d’un Haut Comité d’État (HCE) après avoir transféré tous les pouvoirs au Haut Comité de Sécurité qui est aujourd’hui le Haut Conseil de Sécurité. Tebboune jouera ainsi le rôle Chadli Bendjedid en 1991/1992 et sera contraint à la démission pour laisser le pouvoir à l’Armée. La concrétisation de ce scénario est le but ultime de ce clan paramilitaire des ex-officiers de la DCSA des années 90 car avec une militarisation absolue du pouvoir, ces anciens officiers pourront exercer une énorme influence et retrouver le pouvoir de commander le pays en jouant le rôle de conseillers de l’ombre des dirigeants de l’Etat-Major. Un scénario qui leur permettra de redevenir les véritables maîtres pays. Espérons enfin que le Peuple algérien saura faire échouer ces manipulations et empêcher la réalisation de ce scénario chaotique qui nous replongera dans les affres des horreurs des années 90.