Algérie– C’est un chiffre qui témoigne de l’ampleur de la répression politique en Algérie. Et pour cause, plus de 2000 citoyennes et citoyens sont poursuivies depuis la fin février 2021 devant les tribunaux pour leurs opinions politiques, a pu confirmer Algérie Part auprès de plusieurs sources judiciaires et sécuritaires.
Diffamation, atteintes à l’Unité Nationale, offense au Président de la République, diffusion d’informations portant atteinte à l’intérêt national, etc., les chefs d’inculpation retenus contre ces citoyens algériens sont nombreux. Très nombreux. Mais toutes les accusations ont un dénominateur commun : l’expression d’une opinion politique divergente ou critique à l’égard des dirigeants actuellement aux commandes du pays. Oui, toutes les personnes poursuivies devant les tribunaux algériens ont été arrêtées, interpellées par les services de sécurité ou convoquées par la Justice à la suite de leurs publications sur Facebook, vidéos sur YouTube ou des commentaires sur diverses plateformes des réseaux sociaux.
Aucun de ces 2000 citoyennes et citoyens poursuivis actuellement par la Justice algérienne n’a commis un acte de violence, de terreur ou s’est rendu coupable de troubles à l’ordre public. Il s’agit uniquement de militants ou activistes pacifiques dont les idées ou la vision de l’avenir de l’Algérie déplait fortement au pouvoir actuel. Certains de ces activistes sont tout bonnement accusés de « terrorisme » ou d’accointance avec des mouvements terroristes alors qu’il s’agit de militants pacifiques qui s’expriment publiquement, et à visage découvert, sur des questions politiques qui nourrissent l’actualité nationale.
Lors des perquisitions menées par les services de sécurité, aucune arme ni le moindre outil pouvant mettre la vie d’autrui en danger n’a été retrouvé. Les enquêteurs des services de sécurité ont récupéré uniquement des ordinateurs, des smartphones, des pancartes contenant des slogans politiques, des drapeaux berbères, des outils de bureautique ou des objets personnels qui ne présentent pas la moindre menace contre la sécurité publique.
En dépit de cette dimension totalement inoffensive des activités de ces militants et activistes, les services de sécurité les pourchassent comme des « dangereux terroristes ». Et les tribunaux les poursuivent pour des faits graves qui peuvent leur valoir de longues années de prison ferme. Jamais l’Algérie n’a connu une telle régression des libertés publiques et civiles et ce depuis la fin de la décennie noire des années 90.
Signalons enfin que parmi 2000 personnes poursuivies par la justice algérienne, au moins 233 sont incarcérés dans diverses prisons répartis sur l’ensemble du territoire national. Les juristes, avocats et défenseurs des Droits de l’Homme considèrent ces détenus comme des prisonniers politiques. Et de nombreuses ONG internationales partagent amplement ce constat amer.