Par Kamel M. – Le régime monarchique de Rabat reçoit une autre taloche sur la tête. Une de ses lobbyistes les plus actives en France et en Europe a été mise en examen pour corruption. L’ancienne ministre de la Justice de Nicolas Sarkozy est soupçonnée d’avoir perçu des fonds suspects par l’intermédiaire de la structure néerlandaise du constructeur automobile français Renault.
En novembre 2020, l’ancien président-directeur général de la marque au losange avait confirmé l’implication de l’eurodéputée Rachida Dati dans le dossier de l’implantation de la marque au losange en Algérie en 2014. Interviewé par une chaîne française au Liban, son pays d’origine où il s’est réfugié fuyant la justice nipponne, Carlos Ghosn avait affirmé que la candidate malheureuse à la mairie de Paris a effectivement été rémunérée pour aider la firme à s’installer «en Afrique du Nord», sans entrer dans les détails et esquivant presque la question. Par «Afrique du Nord», il faut comprendre l’Algérie, puisque l’usine Renault existait déjà depuis de longues années au Maroc.
Le dossier Renault-Algérie n’a pas été traité sur un pied d’égalité en Algérie où des industriels sont jugés dans l’affaire des usines de montage automobile décriées par les nouvelles autorités et qualifiées de «supercherie». Pourtant, la marque française ne diffère en rien des marques ciblées par la justice en matière d’intégration qui est quasi nulle.
L’usine Renault de Oued Tlilet, dans l’ouest du pays, a été inaugurée par l’ancien Premier ministre Abdelmalek Sellal, actuellement incarcéré. L’affaire Renault-Algérie avait fait couler beaucoup d’encre en son temps déjà, bien avant les procès qui l’épargnent jusqu’à ce jour. De nombreuses sources avaient fait état d’«indus avantages» accordés au constructeur automobile français au détriment de la firme allemande Volkswagen, entre autres. Une longueur d’avance avait été accordée à Renault, comme cela fut le cas avec l’opérateur égyptien Orascom dont le patron, l’Egyptien Naguib Sawiris, avait fini par traîner l’Etat algérien devant les juridictions internationales après avoir largement profité de son monopole et de sa position dominante au détriment de l’opérateur national historique.
En février 2019, des sources avaient révélé au grand jour une rémunération astronomique – on parlait à l’époque de 600 000 euros, la somme passe désormais à 900 000 euros – touchée par la lobbyiste Rachida Dati qui s’était rendue en Algérie en décembre 2010. Trois mois plus tard, soit le 20 mars 2011, le directeur général de Renault-Algérie, Stéphane Galoustian, annonçait que «les négociations avec les autorités algériennes pour la mise en place en Algérie d’une usine de fabrication de véhicules de son groupe se poursuivent». Sa visite avait été précédée, quelques mois plus tôt, par celle de Jean-Pierre Raffarin, envoyé spécial de Nicolas Sarkozy, avec lequel le ministre de l’Industrie, Mohamed Benmeradi, menait les discussions à l’époque.
Désormais citée dans l’affaire du PDG de la marque française, le Franco-Libanais Carlos Ghosn, Rachida Dati avait tenté de justifier cette prime sidérale en affirmant qu’elle officiait en qualité d’avocate pour le compte du groupe. Une affirmation qui tendait déjà à confirmer son rôle d’intermédiaire pour le compte de cette firme automobile qui sera la toute première à implanter son usine en Algérie avant que des marques concurrentes, sud-coréennes et allemandes notamment, s’installent à leur tour après de laborieux pourparlers avec le très controversé Abdeslam Bouchouareb.
Des voix s’étaient élevées à l’époque pour dénoncer le volume insignifiant de véhicules produits en Algérie par Renault, comparativement aux investissements gigantesques consentis par le constructeur français au Maroc voisin, en dépit de la taille du marché algérien autrement plus grande. D’autres dénonçaient carrément un favoritisme accordé aux Français au détriment d’autres nationalités qui, pourtant, avaient exprimé leur souhait de construire des usines de montage en Algérie, en promettant une production beaucoup plus importante et en envisageant même d’exporter vers l’Afrique dès les premières années.
Selon des indiscrétions, l’arrogant PDG de Renault se targuait dans ses discours, et lors de ses réunions au sujet de l’Algérie, que la marque qu’il dirigeait s’implanterait dans notre pays «quand [il l’aura] décidé» et «à [ses] conditions».
K. M.