Son parcours est atypique et permet de prouver qu’il n’est jamais trop tard pour rêver. Karim Ounas, fils d’immigrés algériens, n’avait pas pensé que sa carrière professionnelle vivrait autant d’évolutions et de détours.
Karim Ounas pensait tout simplement ne pas être fait pour l’école. Peu intéressé par le système scolaire, il quitte l’école très jeune, à l’âge de 16 ans. Il préfère se lancer dans le monde professionnel et être actif alors qu’il n’est même pas encore adulte.
Fort d’une culture du travail héritée de ses deux parents algériens qui ont immigré dans le nord de la France, Karim Ounas ne se tourne pas les pouces, bien au contraire. Comme son père ouvrier et sa mère aide-ménagère, Karim sait qu’il doit accepter tous les travaux aussi difficiles soient-ils.
Sa première expérience professionnelle est un stage d’insertion en tant qu’agent d’entretien à l’hôpital d’Armentières, dans le nord de la France. Ce premier job aura des conséquences sur l’ensemble de sa vie, relate, ce jeudi 3 février, le journal belge Le Soir qui lui consacre un portrait.
Payé seulement 120 euros pour gérer l’entretien des services de l’hôpital, Karim Ounas s’investit dans son emploi sans rechigner. Il cumule les petits emplois au sein de l’hôpital et à l’extérieur tout en s’intéressant aux soins. Karim Ounas passe son brevet de secourisme et découvre ses premières envies de prendre soin des autres.
Brancardier, aide-soignant, infirmier et enfin le saut en médecine
Très vite son travail et sa volonté sont remarquées et lui permettent d’évoluer au sein du milieu hospitalier. À l’étage du bloc opératoire de l’hôpital d’Armentières (nord de la France), on lui propose de devenir brancardier.
Puis en 1994, un événement-clé va l’orienter à repenser aux études. Il est finalement embauché à l’hôpital psychiatrique d’Armentières en tant qu’agent d’entretien où il rencontre son chef de service qui le pousse à reprendre la voie de l’école pour s’intéresser davantage au monde médical.
Karim Ounas reprend tout à zéro en passant d’abord son brevet des collèges puis il s’inscrit à une formation d’aide-soignant. Ces premières étapes et son lien constant avec l’hôpital le poussent à vouloir s’engager davantage dans les métiers du médical.
En 2000 il décide de passer le concours d’infirmier qu’il obtient et épouse ce nouveau métier. Il intègre plusieurs services en tant qu’infirmier, qui lui permettront ensuite de se spécialiser dans le domaine de l’anesthésie.
Sauf que Karim Ounas est un grand curieux. Dès qu’il parfait un métier, il se prend à rêver de renforcer son bagage professionnel. Les années passent mais Karim Ounas ne fatigue pas et cumule les compétences. Fort d’une vision globale du travail en hôpital, le Franco-Algérien décide d’aller plus loin. Finalement à l’âge de 37 ans il entame sa première année de médecine à Lille, alors qu’il est marié et père de deux enfants.
Anesthésiste réanimateur à 48 ans
Karim Ounas se lance alors dans une formation de six années complétées par une spécialisation en réanimation. Le Franco-Algérien profite d’un plan de formation lui permettant de financer ses études, tout en travaillant au SAMU lorsqu’il a du temps libre. L’éternel travailleur se retrouve à la place d’étudiant, alors qu’il était certain de ne pas avoir les capacités intellectuelles pour étudier, confie-t-il au média belge Le Soir.
Diplômé en 2021, Karim Ounas devient officiellement anesthésiste réanimateur au sein du centre hospitalier de Wallonie Picarde à Tournai en Belgique. À 47 ans il réalise un projet auquel il n’aurait jamais pensé à 16 ans lorsqu’il a quitté l’école sans aucun diplôme en poche.
Devenu pilier de cet immense hôpital belge, son mérite et son professionnalisme sont salués par ses collègues. L’Algérien a été un élément indispensable dans la crise du covid-19, durant laquelle il était chargé de gérer les patients en réanimation.
L’Algérien reconnaît qu’il a trouvé la force de reprendre un parcours aussi difficile qu’est la médecine, grâce à son ex-femme qui a élevé leurs enfants lors de ses absences pendant ses études de médecine. Mais il vante également les mérites de son équipe de rugby à travers laquelle il a appris l’abnégation, l’engagement et la persévérance.
La chaîne française France 3 qui a découvert son profil exceptionnel lui a consacré un reportage. Il témoigne de cette vie dont le fil rouge a été l’apprentissage et le mouvement.