Le gouvernement a désapprouvé, mercredi 8 janvier 2025, la démarche de son ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, qui souhaitait instaurer une interdiction du port du voile islamique lors des sorties scolaires et dans les universités.
Cette décision survient après plusieurs jours de débats et de discussions suscités par les récentes déclarations du ministre. En début de semaine, Bruno Retailleau avait exprimé son intention d’étendre les restrictions sur les symboles religieux, notamment le voile islamique, dans divers contextes, comme les sorties scolaires et les établissements universitaires. Il justifiait cette proposition par la nécessité de lutter contre l’influence de certains mouvements islamistes, qu’il accuse de recourir à des pratiques d’“entrisme”.
Selon lui, cette lutte implique un renforcement des principes de laïcité dans différents espaces publics, y compris lors des compétitions sportives et des activités extrascolaires.
Les déclarations de Retailleau concernant le voile islamique ne reflètent pas la position du gouvernement
Sophie Primas, porte-parole du gouvernement, a précisé la position officielle de l’exécutif lors du compte rendu du Conseil des ministres, malgré les propositions avancées. Elle a affirmé que les idées de Bruno Retailleau au sujet du voile islamique représentaient « des positions personnelles » et ne constituaient pas une priorité pour le gouvernement de François Bayrou.
Primas a également souligné que ce sujet n’était pas en mesure de rassembler une majorité au Parlement dans le contexte politique actuel. Elle a ainsi indiqué que, compte tenu de l’absence probable de soutien parlementaire, cette question ne serait pas traitée par le gouvernement dans l’état actuel de la majorité.
Ajustement qui perdure
Bien que désavoué, Bruno Retailleau maintient fermement ses positions concernant le voile islamique. Il plaide pour que la loi de 2004, qui interdit le port de signes religieux dans les établissements scolaires publics, soit étendue aux sorties scolaires.
Selon lui, ces activités, en tant que prolongement du cadre éducatif, devraient être soumises aux mêmes règles. « Ce qui est en jeu, ce sont les valeurs fondamentales de notre société occidentale, comme l’égalité entre les hommes et les femmes, la liberté de conscience et notre conception unique de la laïcité », affirme-t-il. Par ailleurs, le ministre de l’Intérieur associe également la question du voile islamique à celle de l’immigration, qu’il considère comme un débat crucial dans le contexte actuel. Il souligne l’urgence de contrôler les flux migratoires pour répondre, selon lui, aux défis posés par l’islamisme. « Je ne céderai rien, ni sur la question migratoire ni sur la restauration de l’ordre public », a-t-il martelé.
Bayrou envisage-t-il de révoquer son ministre de l’Intérieur ?
Les déclarations de Bruno Retailleau traduisent une évolution de la position officielle de la France vers un discours perçu comme stigmatisant pour des millions de musulmans vivant dans le pays, s’inscrivant dans une dynamique qui penche davantage vers la droite dure, voire l’extrême droite, particulièrement en raison de l’accent mis sur une politique anti-immigration très stricte.
Va-t-il être écarté par François Bayrou pour mettre fin à l’incohérence qui semble dominer au sein du gouvernement français ? Ou bien Bayrou continuera-t-il à chercher un équilibre fragile, en attendant de disposer d’une majorité parlementaire lui permettant d’agir avec plus de sérénité ? Ces controverses autour des signes religieux, et notamment du voile islamique, surgissent à un moment symbolique : les commémorations des attentats contre Charlie Hebdo et l’Hypercacher, un épisode marquant qui remet en lumière les débats cruciaux sur la laïcité et les libertés fondamentales.
Cela dit, le choix du gouvernement de ne pas adopter les propositions de Bruno Retailleau traduit un effort pour préserver un équilibre entre une position ferme sur les valeurs républicaines et la nécessité de maintenir une cohésion au sein de la majorité parlementaire.