La sécheresse et un modèle agricole orienté vers l’export menacent l’offre de moutons au Maroc. L’annulation du sacrifice de l’Aïd-el-Kebir 2025 est une possibilité.
Un cheptel en déclin face à la sécheresse et aux choix agricoles
Le Maroc fait face à une baisse significative du cheptel ovin, avec une réduction de 38 % entre 2016 et 2025. Cette situation, confirmée par le ministre de l’Agriculture Ahmed El Bouari, résulte de plusieurs facteurs : la sécheresse prolongée, le surpâturage et un modèle agricole axé sur l’exportation au détriment des cultures fourragères. En conséquence, les éleveurs se tournent vers les aliments industriels pour nourrir leur bétail, une alternative coûteuse qui se répercute sur les prix. En septembre dernier, la viande ovine a vu son prix grimper de 45 à 150 dirhams le kilo. Cette flambée tarifaire et la raréfaction du bétail soulèvent une question cruciale : le sacrifice du mouton pour l’Aïd-el-Adha 2025 sera-t-il annulé ?

Importations et alternatives : une solution temporaire ?
Pour pallier le manque de moutons, le gouvernement marocain a déjà subventionné l’importation d’ovins espagnols en 2024. Toutefois, cette initiative n’a pas réduit les prix pour les consommateurs, en raison de la spéculation sur les marchés. Par ailleurs, des négociations ont été engagées pour importer 100 000 moutons d’Australie, mais cette solution pourrait devenir impossible à l’avenir, l’Australie ayant décidé d’interdire l’exportation maritime de bétail à partir de 2028.
Le ministre de l’Agriculture réagit
Face à ces incertitudes, le ministre de l’Agriculture prévoit des mesures de soutien à la production locale, incluant une amélioration des pâturages et des programmes d’identification du cheptel. Cependant, des experts appellent à une réforme profonde du modèle agricole marocain, jugé trop gourmand en eau et inadapté aux réalités climatiques du pays. En attendant, certains foyers marocains délaissent le mouton au profit du sacrifice de la chèvre, une tendance qui prend de l’ampleur face à la crise actuelle.