Lors de la 80e Assemblée générale des Nations Unies, le Premier ministre malien Abdoulaye Maïga accuse frontalement l’Algérie de soutenir le terrorisme international, au cœur d’une crise diplomatique majeure dans le Sahel.
Une accusation explosive à New York
Le 26 septembre 2025, la 80e Assemblée générale de l’ONU a été le théâtre d’une prise de parole choc. Abdoulaye Maïga, Premier ministre malien, n’a pas mâché ses mots : l’Algérie, selon lui, soutient le terrorisme international. Cette déclaration intervient dans un contexte tendu, exacerbée par l’incident du 31 mars 2025, où un drone malien a été abattu près de la frontière algérienne.
« Dans l’adversité, nous ne serons pas des spectateurs. Pour chaque balle tirée contre nous, nous réagirons en réciprocité », a martelé Maïga, laissant la communauté internationale sans voix. La tension entre Bamako et Alger, déjà palpable depuis des années, atteint ici un sommet historique sur la scène diplomatique.
Mali-Algérie : une histoire de coopération… et de frictions
Historiquement, le Mali et l’Algérie ont entretenu des relations de coopération sécuritaire, notamment contre le terrorisme et le trafic transfrontalier. Mais depuis le coup d’État militaire malien de 2021, les relations se sont dégradées. L’Algérie, soucieuse de stabilité régionale et de démocratie, s’est montrée critique envers le gouvernement militaire malien, créant des frictions persistantes, notamment sur la gestion des groupes armés dans le Sahel.
La frontière entre les deux pays est devenue un terrain miné, où suspicion et méfiance se conjuguent avec les enjeux sécuritaires. L’incident du drone, loin d’être un simple accident, symbolise cette détérioration dramatique des relations bilatérales.
Le drone abattu : un prétexte ou un acte provocateur ?
Dans la nuit du 31 mars 2025, un drone malien a été abattu près de Tinzaouaten. Bamako affirme qu’il s’agissait d’une opération de surveillance contre des groupes terroristes, tandis qu’Alger soutient que le drone avait violé son espace aérien.
Cette divergence a déclenché une crise diplomatique inédite : rappel d’ambassadeurs, fermeture réciproque des espaces aériens et mise en accusation sur la scène internationale. Les analystes parlent d’un tournant dans la diplomatie du Sahel, où chaque geste militaire ou verbal peut avoir des conséquences régionales.
L’ONU, scène de confrontation
À New York, Maïga a placé son discours sous le signe de la fermeté :
Cette attaque directe contre l’Algérie a surpris la salle. Les délégations présentes ont ressenti la tension, marquant un moment rare où un État accuse frontalement son voisin sur le plan international. L’ONU, habituellement lieu de dialogue et de compromis, s’est transformée en tribune de confrontation.
La Cour internationale de Justice au cœur du conflit
Suite à l’incident du drone, le Mali a saisi la Cour internationale de Justice (CIJ), accusant l’Algérie d’agression et de violation de sa souveraineté. Mais pour que la CIJ puisse statuer, Alger doit accepter la compétence de la Cour, ce qu’elle refuse pour l’instant.
Cette impasse juridique souligne la complexité de ce conflit, où diplomatie, droit international et sécurité régionale s’entremêlent. Les observateurs craignent que cette situation n’ouvre la porte à des tensions militaires ou à une escalade régionale.
Les enjeux pour le Sahel et la communauté internationale
Au-delà des frontières, ce conflit inquiète la communauté internationale. Le Sahel est déjà fragilisé par les groupes terroristes, les crises politiques et les défis économiques. Un affrontement entre deux voisins stratégiques pourrait déstabiliser l’ensemble de la région et compliquer les efforts de lutte contre le terrorisme.
L’ONU et l’Union africaine surveillent la situation, mais le dialogue semble difficile. Le Mali, ferme sur sa position, exige des réponses claires ; l’Algérie, elle, maintient sa version des faits et refuse toute médiation qui lui paraîtrait partiale.
Perspectives : vers un dialogue ou un bras de fer prolongé ?
Les chances d’un règlement rapide apparaissent limitées. Sans volonté politique de part et d’autre, le conflit pourrait durer et s’aggraver, avec des conséquences directes sur la sécurité et la stabilité régionale. Le Sahel, déjà fragile, risque d’être le théâtre d’une escalade qui dépasserait le simple cadre bilatéral.
Un avertissement pour le Sahel
Le Mali et l’Algérie, deux acteurs clés du Sahel, se trouvent aujourd’hui dans un face-à-face inédit. Les accusations de soutien au terrorisme ne peuvent être ignorées et exigent l’attention de la communauté internationale. La stabilité régionale dépendra de la capacité des deux pays à privilégier la diplomatie et le dialogue, plutôt que la confrontation et la réciprocité militaire.
Ce conflit illustre une réalité inquiétante : dans un Sahel déjà fragile, chaque geste compte, et la vigilance internationale sera déterminante pour éviter une escalade dramatique.