Unique artiste maghrébine à s’être produite au Carnegie Hall, Nassima Chabane est une figure incontournable de la musique arabo-andalouse. Son parcours exceptionnel mêle héritage, transmission et passion.
Nassima Chabane : Une pionnière formée par les maîtres
Née en 1959 à Blida, Nassima Chabane baigne dès l’enfance dans les sons du patrimoine arabo-andalou. Elle intègre le conservatoire à seulement 7 ans, où elle apprend la mandoline et le chant auprès de figures prestigieuses comme Dahmane Ben Achour et Hadj Medjbar. Rapidement, elle se distingue : à 13 ans, elle interprète déjà des noubas entières, un art alors réservé aux hommes. À 15 ans, elle est déjà une icône locale. Elle évolue dans des orchestres comme El-Widadia ou Nedjma, et devient la première femme à exécuter la nouba Zidane avec l’orchestre symphonique d’Alger à 25 ans.
Sa carrière s’étend au-delà des frontières : elle participe à de nombreux festivals internationaux et marque l’histoire en devenant, en 2011, la première chanteuse maghrébine à se produire sur la scène du mythique Carnegie Hall à New York. Elle y est même consacrée Lauréate du World Music.

Une mémoire vivante de l’andalou
Nassima Chabane n’a jamais cessé de transmettre cet art raffiné. Entre 1986 et 1994, elle anime des émissions télévisées sur le patrimoine musical maghrébin, donne des cours à Paris et Alger, et multiplie les conférences et master class. En 2009, elle collabore avec Idir pour l’album « Des racines et des chants ».
Elle vient de sortir un coffret monumental de 10 albums, fruit de quatre années de recherche minutieuse, avec des œuvres rares et inédites. Ce travail, qu’elle dédie à sa mère disparue, est pensé comme un héritage pour les générations futures. Toujours engagée, elle fustige les artistes improvisés qui se revendiquent « divas » sans formation sérieuse. Pour elle, la vraie musique andalouse exige rigueur, humilité et filiation.