L’annonce d’une hausse considérable de l’allocation touristique en Algérie a éveillé un grand intérêt et soulevé de multiples questions. Augmentée à 750 euros pour les adultes et 300 euros pour les enfants mineurs, cette allocation représente désormais une somme importante pour les familles algériennes désireuses de voyager.
Cependant, cette réforme est actuellement en attente, générant des incertitudes quant à ses détails pratiques et son impact effectif. En décembre 2024, lors d’un conseil des ministres, le gouvernement algérien a confirmé une refonte importante de l’allocation touristique. Avec une augmentation de plus de 750 % par rapport au plafond précédent de 100 euros, l’objectif de cette réforme est de diminuer la dépendance au marché noir des devises et de valoriser le rôle des banques dans les échanges de devises. Toutefois, malgré une mise en œuvre prévue pour janvier 2025, la réforme n’a pas encore été appliquée.
Les banques n’ont pas encore reçu de directives officielles, et les citoyens reçoivent toujours l’ancien montant. Le manque de clarté continue de créer une incertitude autour de la date de mise en œuvre et des conditions qui l’accompagneront.
Allocation Touristique : des buts précis accompagnés de dangers potentiels
Le but principal de cette réforme est de combattre le marché noir des changes, un fléau persistant en Algérie. En augmentant les allocations touristiques, on espère que les citoyens pourront satisfaire leurs besoins en monnaie étrangère sans faire appel aux cambistes non officiels. De plus, des initiatives supplémentaires telles que l’inauguration de bureaux de change légaux et la limitation des exports de devises à 7 500 euros par an ont été suggérées.
Cependant, cette stratégie risque d’être affectée par des conséquences imprévues. Il existe un risque que ces mesures, loin de diminuer le marché parallèle, le stimulent au contraire. Par exemple, il est possible que certaines familles retirent les montants maximums autorisés, effectuent de courts séjours dans des pays limitrophes comme la Tunisie où les coûts sont bas, puis revendent les devises restantes sur le marché noir. Ceci irait clairement à l’encontre des objectifs gouvernementaux.
La Tunisie, un obstacle majeur
Un cas particulier suscite des préoccupations : celui des Algériens voyageant en Tunisie. Pour les Algériens, cette destination constitue une destination majeure pour les voyages internationaux. En 2024, environ 2 millions de touristes algériens ont visité la Tunisie. La proximité géographique et les coûts de séjour modérés pourraient, selon certains, favoriser des pratiques abusives.
Pour prévenir ces abus, il y a des rumeurs sur l’introduction de restrictions potentielles, telles qu’une durée minimale de séjour de sept jours où la nécessité de fournir des preuves de réservation d’hôtel. Toutefois, il n’y a pas encore de confirmation officielle concernant l’application de ces mesures.
Un marché clandestin en effervescence
En attendant des éclaircissements, le marché noir des changes est en plein essor. Depuis le début de l’année 2025, le taux de l’euro sur ce marché informel a grimpé jusqu’à atteindre 257 dinars, se rapprochant ainsi de son pic historique de 262 dinars. Cette situation illustre les incertitudes liées à l’application de la nouvelle politique de dotation touristique.
Les cambistes et autres opérateurs du marché noir profitent de cette ambiguïté pour engager des spéculations, exacerbant les difficultés pour les citoyens et les entreprises qui nécessitent des devises étrangères. La fluctuation croissante des taux de change souligne aussi la nécessité pour l’administration de préciser les détails de cette réforme.
Rétablir la foi envers le système financier de l’Algérie
Bien que l’augmentation de l’allocation touristique puisse stimuler l’économie officielle, son efficacité dépendra essentiellement de l’instauration de contrôles stricts pour réguler son utilisation. La gestion des abus, particulièrement pour les voyages en Tunisie, représente un défi important pour les autorités.
De plus, il est crucial d’accélérer l’implantation de bureaux de change légaux pour proposer une option viable face au marché parallèle. Dans cette situation, le gouvernement doit gérer un dilemme complexe : convaincre les citoyens de l’efficacité de cette réforme tout en prévenant des résultats inattendus. L’augmentation de l’allocation touristique a le potentiel de diminuer les activités informelles, mais elle risque également de favoriser les abus si elle n’est pas correctement régulée.
Il est temps de prendre des mesures précises et immédiates pour éliminer les doutes et renforcer la confiance dans le système financier algérien.