À l’occasion du 80e anniversaire des massacres du 8 mai 1945 en Algérie, le débat sur leur reconnaissance officielle par la France refait surface, dans un contexte politique et diplomatique tendu.
Massacres du 8 mai 1945 : Une mémoire refoulée face à une demande de reconnaissance croissante
Huit décennies après les massacres de Sétif, Guelma et Kherrata, la France peine toujours à reconnaître officiellement sa responsabilité dans ces tragédies coloniales. Cette année encore, les commémorations sont entachées de tensions politiques, avec l’annulation d’une cérémonie au Mont Valérien et l’absence de réponse d’Emmanuel Macron à une demande de parrainage. Malgré cela, des parlementaires français – dont Sabrina Sebaihi, Fatiha Keloua-Hachi et Karim Ben Cheikh – ont décidé de se rendre en Algérie pour marquer les 80 ans de ces événements sanglants et plaider pour une reconnaissance d’État. Une proposition de résolution déposée à l’Assemblée nationale appelle d’ailleurs à qualifier ces exactions de « crime d’État » et à instaurer une journée nationale de commémoration.

Une initiative saluée, mais largement contestée par une partie de la classe politique
Dans un contexte de montée de l’extrême-droite et de crispations franco-algériennes, la démarche des élus est fortement critiquée. Certains, à droite, rejettent toute reconnaissance officielle d’un « autre 8 mai », estimant que seule la victoire contre le nazisme doit être célébrée. L’historien Benjamin Stora, pourtant engagé dans le travail mémoriel, se montre pessimiste sur les chances d’aboutissement de cette initiative, évoquant « le poids de l’actualité » et l’influence croissante des discours nationalistes. Face à cette impasse, des voix comme celle du journaliste Jean-Michel Aphatie continuent de dénoncer le déni colonial à travers des œuvres médiatiques, tandis que d’autres espèrent encore que la vérité historique finira par triompher de la résistance politique.