Deux morts, des centaines de blessés et d’arrestations : la révolte des jeunes Marocains pour plus de justice sociale vire au drame. Répression, inégalités et colère, le royaume vacille.
Une nuit de révolte, deux vies fauchées
Drame au Maroc. Dans la nuit de mercredi à jeudi, à Lqliaâ près d’Agadir, les forces de sécurité ont ouvert le feu sur des manifestants. Bilan officiel : deux morts. Selon l’agence MAP, les gendarmes auraient agi en « légitime défense », mais des témoignages accusent la police d’avoir foncé volontairement sur la foule. Résultat : des centaines de blessés, près de 400 interpellations… et une colère qui enfle dans tout le pays.
« Le niveau de répression au Maroc est hallucinant. Ils arrêtent tous ceux qu’ils peuvent », dénonce le syndicaliste franco-marocain Anasse Kazib, qui affirme avoir vu plus de 100 arrestations en 30 minutes lors d’un live.
Génération Z en révolte contre un système verrouillé
Depuis cinq jours, le mouvement GenZ 212 (en référence au code téléphonique du Maroc) mobilise des milliers de jeunes dans plusieurs villes. Leurs revendications ? Santé, travail, dignité, éducation.
Un combat face à une réalité implacable :
- 13 % de chômage au niveau national
- 38 % chez les jeunes de 15 à 24 ans
- 10 % de la population accaparant la moitié des revenus (World Inequalities Report 2022)
Un Maroc à deux vitesses, où écoles et hôpitaux modernes sont réservés aux riches, pendant que les plus modestes survivent dans des structures vétustes.
Un royaume sous tension : entre inégalités et répression
Au sommet, le roi Mohammed VI et sa holding royale contrôlent une grande partie des secteurs lucratifs. Dans la rue, une jeunesse frustrée, étouffée par un système où l’expression est verrouillée par le Makhzen, administration parallèle qui surveille la population. La fracture est béante : une élite ultra-riche, une majorité de jeunes sans avenir, et une contestation qui prend une ampleur inédite.