L’actualité entre le Maroc et l’Algérie de ces derniers jours est focalisée sur les médiations internationales entre les deux pays pour tenter de sortir de l’impasse. Une médiation particulière, saoudienne, fait couler beaucoup d’encre et de salive.
Même si aucun officiel marocain n’est venu commenter cette supposée médiation, les autorités algériennes sont entrées dans une excitation inédite pour démentir l’existence d’une telle médiation. Avec des accents volontairement exagérés de déni et de refus. Comme si les pays médiateurs dans cette crise courraient derrière l’acceptation des autorités algériennes qui serait perçue comme une concession majeure.
Pire, le ministre des Affaires étrangères a choqué les chancelleries mondiales en affirmant qu’il n’y aura médiation ni aujourd’hui ni demain. Nombreux sont ceux qui y ont perçu une tare congénitale, un amateurisme puéril. Les vrais hommes d’Etat n’insultent jamais l’avenir. Encore moins quand des pays tiers et non des moindres proposent leurs bons offices.
Face à cette excitation algérienne sur le principe même de la médiation entre Rabat et Alger, une interrogation s’impose : qui, dans le contexte actuel, a le plus besoin d’une médiation ? Le Maroc ou l’Algérie ?
Depuis l’aggravation de la crise entre Rabat et Alger sous l’ère Tebboune, le Maroc n’a jamais raté une occasion pour tendre la main de la réconciliation et du dialogue. Parallèlement à cette approche de bon voisinage avec le peuple algérien incarné par les multiples appels du Roi Mohammed VI, le Maroc conforte au fil des année ses performances diplomatiques. Son unité territoriale et sa souveraineté sur ses provinces du sud n’ont jamais été aussi soutenues par la communauté internationale. Si médiation il y a, c’est plus pour ne pas continuer à obérer les chances de développement des peuples de la région dans un impitoyable contexte international. La fermeture des frontières entre les deux pays est à la fois une faute politique lourde et un crime économique chèrement payé pour les deux peuples.
Par contre, c’est le régime algérien qui a le plus besoin de ces médiations et des appels d’air politiques et économiques qu’elles peuvent entraîner. Et ce pour plusieurs raisons. Sa volonté d’abriter un sommet de la Ligue arabe est conditionnée par plusieurs pays arabes à une réconciliation entre les Maroc et l’Algérie. S’entêter à refuser, à la manière fort peu diplomatique de Ramatane Lamamra toute entreprise qui vise à faire baisser la tension dans la région, est de nature à bloquer davantage l’Algérie dans un isolement nocif pour sa population.
La médiation est aussi dans l’intérêt du régime algérien car elle est de nature à le sortir du statut de l’Etat voyou dans lequel sa politique dans le Sahel, ses connexions troubles avec les organisations djihadistes, ses relations opaques et complices avec le régime iranien l’enferment et l’isolent de son environnement régional .
Pourquoi alors jouer l’exagération dans le refus de la médiation de la part du régime algérien ? Il n’y a pas d’autres raisons à ces postures que la stratégie de ce régime d’Alger de continuer à utiliser la tension avec le Maroc comme un moyen de gérer les impasses domestiques. A défaut de gérer le défi politique interne que représente le Hirak, le régime semble choisir de détourner l’attention vers le voisin marocain et de tenter de lui accoler tous ses frustrations.
Il paraît clair aujourd’hui que la survie politique de ce régime, tel qu’il est conçu par l’institution militaire, ne supporterait pas à une réconciliation avec le Maroc.
Outre que les Algériens vont découvrir que leurs gouvernements successifs ont investi à pertes pendant des années des milliards de dollars sur des chimères, la normalisation des rapports entre Rabat et Alger promet d’éclairer une stratégie algérienne dont le seul but est la survie du régime, de ses prébendes, de ses monopoles mafieux.
En refusant avec autant de tapages de mauvais goûts, de postures artificielles, de blocages aveugles l’esprit même de la médiation, le régime algérien se condamne lui-même à subir les foudres et les critiques de la plus part de ses voisins. Le régime algérien assume ouvertement et avec une fierté non dissimulée sa fonction de pays pyromane dont l’obsession est de semer le chaos et la zizanie.