La Loi de Finances 2025 apporte d’importants changements dans le secteur automobile en Algérie, particulièrement en ce qui concerne la revente des véhicules importés de moins de trois ans. Ces nouvelles règles ont pour objectif de limiter les pratiques spéculatives, de stabiliser les prix et de mieux réglementer les transactions sur un marché souvent sujet à des abus.
La Loi de Finances pour l’année 2025, signée le 24 novembre 2024 par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a été publiée dans le Journal officiel n° 84. L’une des principales modifications apportées par cette loi est l’introduction d’une période de détention obligatoire pour les véhicules importés de moins de trois ans. À partir de 2025, les propriétaires devront garder leur véhicule pendant au moins 36 mois avant de pouvoir le revendre sans restriction. Cette mesure vise à dissuader les pratiques spéculatives qui impliquent l’importation de voitures d’occasion pour les revendre rapidement à des prix exorbitants.
En instaurant cette période de détention, le gouvernement cherche à stabiliser les prix et à réduire les abus sur le marché automobile. Cependant, il est toujours possible de vendre avant la fin de ce délai, à condition de se conformer à certaines obligations fiscales spécifiques.
Remboursement des avantages fiscaux : un système qui augmente graduellement
Les voitures importées sont souvent accordées des avantages fiscaux ou des exemptions de droits de douane lors de leur achat. Pour éviter les abus, si la revente a lieu avant les 36 mois obligatoires, l’acheteur devra rembourser partiellement ou intégralement ces avantages. Le montant du remboursement dépendra de la durée pendant laquelle le véhicule a été possédé, selon une échelle progressive :
- Si la revente a lieu dans les 12 mois suivant l’importation, il est nécessaire de rembourser intégralement les avantages fiscaux.
- En cas de revente entre 12 et 24 mois, les propriétaires devront rendre 66 % des avantages obtenus.
- Si la revente se fait entre 24 et 36 mois, le remboursement est réduit à 33 %.
- Enfin, après 36 mois, aucune restitution n’est demandée, ce qui permet une revente libre de toute contrainte fiscale.
L’objectif de cette gradation est d’encourager la détention prolongée des véhicules tout en offrant une certaine flexibilité aux propriétaires qui pourraient être contraints de vendre leur voiture avant la période imposée. Ces règles font partie d’une politique plus large visant à restructurer le marché automobile en Algérie.
Le gouvernement cherche à inciter les consommateurs à garder leurs véhicules plus longtemps ou à privilégier l’achat de voitures neuves. Les nouvelles règles de vente ont suscité des réactions différentes. Les autorités les présentent comme une réponse aux abus constatés sur le marché. En limitant les ventes rapides et spéculatives, ces mesures visent à stabiliser les prix et à promouvoir une plus grande transparence.
Le marché automobile est confronté à une situation d’incertitude quant à son avenir.
Néanmoins, des importateurs et des consommateurs expriment des préoccupations. Certains pensent que ces restrictions pourraient réduire l’accès aux véhicules récents, en particulier pour les ménages à faible revenu. D’autres craignent une augmentation des prix, aggravée par les coûts liés aux remboursements fiscaux.
Ces inquiétudes mettent en évidence le défi pour le gouvernement de trouver un équilibre entre une réglementation stricte et l’accessibilité. Bien que les objectifs de la réforme soient clairs, son impact à long terme reste incertain. À court terme, ces mesures pourraient freiner les pratiques abusives et stabiliser les prix. Elles pourraient également encourager davantage de consommateurs à se tourner vers des voitures neuves, ce qui soutiendrait le développement de l’industrie automobile locale. Cependant, certains observateurs soulignent que ces restrictions pourraient être perçues comme excessivement contraignantes, risquant de pénaliser les consommateurs et de freiner la croissance du marché.
L’enjeu consiste à trouver un équilibre entre une réglementation efficace et une flexibilité économique afin d’éviter des effets indésirables. Ces nouvelles règles représentent une étape importante dans la gestion du marché automobile en Algérie. En instaurant un cadre plus strict pour la revente des véhicules importés de moins de 3 ans, le gouvernement tente de faire face aux problèmes structurels tout en favorisant une évolution positive du secteur. Cependant, les prochains mois seront cruciaux pour évaluer l’efficacité de ces mesures et leur acceptation par les acteurs du marché.
Selon d’autres observateurs, si elles parviennent à freiner la spéculation et à promouvoir la transparence, elles pourraient contribuer à une transformation durable du marché automobile algérien.