Algerie Part Plus – C’est un véritable scandale qui en dit long sur la très mauvaise gestion de l’argent public en Algérie. La Police algérienne a été dotée d’un immense budget pour financer plusieurs projets d’équipements et d’acquisition de nouveaux matériels pour améliorer l’exécution de ses missions sur le terrain. Ce budget a atteint depuis 2017/2018 l’équivalent de 860 millions de dollars, à savoir l’équivalent de 118,7 milliards de Da plus exactement. Or, la Police algérienne n’a jamais su bien tirer profit de ce budget onéreux et elle n’a jamais pu le consommer dans les délais qui ont été impartis pour la réalisation de ses divers projets financés par l’argent public.
En effet, Algérie Part a pu confirmer au cours de ses investigations que la Direction Générale de la sureté nationale (DGSN), il y a un très faible niveau d’exécution des crédits de paiement. Il faut savoir, d’abord, que dans la comptabilité régissant les finances publiques d’un Etat, on parle de deux concepts importants qui sont les crédits d’engagement (ou autorisations de programme ou autorisations d’engagement), abrégés en AE ou AP, qui sont un niveau autorisé de dépenses futures, ainsi que les crédits de paiement, abrégés en CP, qui sont la ressource financière effective, équivalent strict du niveau du compte bancaire d’un particulier.
En général, les AE serviront à signer un contrat, les CP serviront à payer la facture. Une opération qui doit se dérouler sur plusieurs années a besoin d’AE à hauteur du niveau de dépense global, les CP ne peuvent lui être affectés qu’à hauteur des besoins de l’année en cours. Ainsi, sur une année, une administration peut avoir des niveaux d’AE et de CP différents. Sur la longue période et si tout se passait exactement comme prévu, AE et CP seraient au même niveau.
Malheureusement en Algérie, les administrations publiques, les différents audits effectués par l’Inspection générale des Finances (IGF) ou la Cour des Comptes constatent régulièrement que la consommation des crédits de paiement est en permanence relativement faible et les soldes inutilisés sont importants. « Cette situation montre que les services habilités manquent d’efficacité et de célérité dans l’exécution des projets de développement des services publics ou de réalisations de nouvelles infrastructures publiques », nous apprend à ce sujet un magistrat algérien de la Cour des Comptes.
Ce constat est encore plus amer concernant la gestion des projets de nouveaux équipements par la DGSN. Depuis la fin 2018, les AP validés au profit des projets de la DGSN ont totalisé effectivement une enveloppe de 118.751 Mrds de DA. Malheureusement, cet argent n’a jamais été dépensé correctement et convenablement.
Et pour cause, de toute cette importante et onéreuse enveloppe budgétaire, des engagements de 27.460 Mrds DA (23,12%) et des paiements de 13.188 Mrds de DA ont été constatés au niveau de la comptabilité de la DGSN. Cela signifie que la Police algérienne se distingue par une très faible consommation des crédits publics qui lui sont alloués, à savoir de l’ordre de seulement 11,10%. Le reste de l’argent, à savoir plus de 114 milliards de Da, n’a jamais consommé ni dépensé comme il était prévu dans le cadre de la réception ou réalisation de nouveaux équipements de la Police algérienne.
Une situation anormale qui témoigne de la profonde mauvaise gestion de l’argent public par la DGSN. La Police algérienne est si riche qu’elle ne sait plus comment utiliser convenablement tout son argent. Une situation immorale lorsqu’on constate que des secteurs producteurs de richesses et de nouveaux emplois dans l’économie algérienne souffrent énormément de l’insuffisance des budgets pour mener à bien leurs investissements.