À Rouen, les installations céréalières regorgent de stocks, mais les clients se raréfient. Selon Jean-François Lepy, directeur général de Soufflet Négoce, jusqu’à 2 000 tonnes de céréales partent chaque jour de Rouen vers l’international, dont 15 % étaient traditionnellement livrées en Algérie. Cette demande a soudainement diminué, entraînant une baisse des prix d’environ 10 euros par tonne.
Avec une production de blé estimée à 33 millions de quintaux en 2025, cela implique une perte de près de 300 millions d’euros, une situation décrite par Lepy comme « abyssale ». Le Maroc et l’Égypte sont désormais les nouvelles destinations des cargaisons, mais cette réorientation s’accompagne d’une instabilité accrue du marché.
Une Baisse Drastique des Échanges Commerciaux Algéro-Français
Les données des douanes françaises confirment une forte réduction des échanges avec l’Algérie, avec une diminution de plus de 12 % pour s’établir à 4,8 milliards d’euros au premier semestre 2025. Les exportations françaises vers l’Algérie ont reculé de 12,9 %, avec une chute marquée dans les secteurs agricoles et d’élevage.
Les céréales et produits laitiers, autrefois pièces maîtresses de ce commerce, ont vu leurs ventes s’effondrer de près de 99 % et 95,8 % respectivement. Pascal Le Brun du Cniel reconnaît que l’Algérie, auparavant un marché majeur pour les produits laitiers, a drastiquement diminué ses importations, principalement en lait infantile.
L’Algérie Privilégie l’Autonomie Alimentaire et l’Agriculture Innovante
Le recul des importations françaises s’explique également par la stratégie algérienne visant à réduire sa dépendance alimentaire externe. La consommation locale se chiffre à 9 millions de tonnes de céréales par an, avec l’autosuffisance en blé dur désormais atteinte en 2025.
L’Algérie investit dans l’irrigation et la logistique pour renforcer sa production agricole, notamment dans les régions sahariennes. Le ministre de l’Agriculture, Yacine Oualid, prévoit d’exploiter l’innovation pour une agriculture plus efficace, en vue de diminuer progressivement les importations. Ce changement impacte considérablement le commerce agricole franco-algérien.