Ils commencent à pulluler sur les réseaux sociaux, ces excentriques qui s’affichent allongés sur le dos, jambes écartées et yeux fermés pour se faire bronzer … le périnée. Baptisée «perineum sunning» (bronzage du périnée) ou carrément «butthole sunning» (bronzage de l’anus, pour rester correct…), cette tendance un brin maboule, soi-disant destinée à combler les carences en vitamine D est apparue sur Instagram, à l’initiative de Meagan Whitson, une influenceuse américaine, plus connue de ses 30000 abonnés sous le nom de Methaphysical Meagan. Comment lui dire que la métaphysique est, ici, de trop…
Autoproclamée «prêtresse de l’hydratation et du sexe», « MM » use à outrance des filtres arc-en-ciel et s’affiche très souvent à poil (avec ou sans son compagnon). Adepte du naturisme donc, cette accro au yoga (évidemment) aime à afficher son popotin sous l’eau de cascades rocheuses tout en clamant que «le corps humain est un cadeau».
L’un de ses premiers et fameux clichés, date de novembre 2019. Couchée nue sur la roche les quatre fers en l’air, ses pieds dans les mains. En légende, les neuf vertus du «Perineum Sunning» : cellules immunitaires au top, meilleure absorption de la vitamine D, remède antiviral et antibactérien, prévention de la dépression, accélération de la production de mélatonine, embellissement de la peau, diminution du stress, contrôle de l’appétit, amélioration de la vision et du sommeil, sans oublier l’éveil spirituel et la libido à son meilleur. Rien que ça… Précision, selon la demoiselle, la crème solaire n’est pas nécessaire. Elle prône également cette pratique douteuse dans un podcast dédié depuis 2020.
«Meagan métaphysique» se serait inspirée d’une pratique ancestrale issue du taoïsme, assure-t-elle, toujours sur Instagram. Après quelques recherches, il s’avère que si le taoïsme considère le périnée comme une zone du corps à stimuler à travers la respiration ou l’automassage (Chi Gong du Dan Tien), le soleil n’est apparemment pas invité à la séance d’exercices… Autant dire que l’injonction au bien-être a encore frappé. On applique des règles prétendument ancestrales, on les adapte ou alors on les invente carrément en s’assurant d’avoir de quoi séduire sur le papier. Problème, au-delà de l’aspect fantaisiste : une telle pratique n’est pas sans risques.
Carin Dermie, dermatologue américaine, s’est saisie du sujet dès 2019, sur Instagram. La spécialiste a montré une photo de «Metaphysical Meagan» se faisant bronzer les fesses au soleil à plusieurs de ses collègues et à quelques-uns de ses patients atteints d’un cancer de la peau. Si les patients rient nerveusement, enchaînant les blagues, ses confrères et consœurs jugent, eux, que la pratique est ridicule et potentiellement dangereuse. On n’ose imaginer les ravages d’un coup de soleil sur cette partie intime du corps, et les dégâts à long terme causés par les rayons UV. Il est bon de rappeler que l’on ne badine pas avec son c…, oups, périnée.