La présence coloniale française en Algérie a entraîné de nombreuses séquelles, dont certaines sont peu connues du public. Parmi elles figure l’extraction intensive du liège, une forme de pillage bien organisée qui a eu un impact significatif sur l’environnement et l’économie algérienne. Un article récent de l’Algérie Presse Service (APS) a éclairé cette expropriation qui s’est étendue sur plus d’un siècle.
D’après l’APS, le liège algérien a été « géré de manière hasardeuse par les autorités coloniales et a subi une surexploitation pendant 132 ans. » Dès le début de l’occupation française, les forêts de chênes-lièges algériennes, couvrant environ 400 000 hectares, ont été ciblées pour leur potentiel économique élevé. « Sous couvert d’une gestion forestière soi-disant rationnelle, les autorités coloniales ont élaboré un plan pour s’approprier ces forêts, notamment celles de chêne-liège, en raison de leur rentabilité croissante sur le marché international », indique l’APS. Cette exploitation était motivée par des intérêts économiques sans tenir compte des répercussions écologiques et sociales.
Selon l’APS, « un régime de concessions avec redevance a été mis en place pour les forêts de chênes-lièges

En 1840, la France a instauré un système de concessions forestières, accordant à des entreprises privées, principalement européennes, le droit d’exploiter ces ressources naturelles. Selon l’APS, « un régime de concessions avec redevance a été mis en place pour les forêts de chênes-lièges, octroyées à des concessionnaires privés, essentiellement français et européens ». Ces concessions, initialement prévues pour 16 ans, ont été progressivement prolongées jusqu’à 90 ans, assurant ainsi un contrôle durable sur cette ressource.
La production de liège a connu une croissance exponentielle. En 1847, l’Algérie coloniale produisait déjà 447 quintaux de liège brut. Entre 1900 et 1915, la surface exploitable est passée de 200 000 à 250 000 hectares, avec un rendement moyen de 60 kg par hectare. Dans les années 1930, la production a atteint un pic avec plus de 300 000 quintaux, culminant à 553 919 quintaux en 1937.
Cette exploitation excessive a gravement endommagé l’écosystème algérien. « Après un siècle de colonisation et d’exploitation irrationnelle, les forêts de chêne-liège étaient épuisées », rapporte l’APS. La régénération naturelle des arbres était compromise, diminuant drastiquement leur population et appauvrissant les forêts, ce qui a mis en péril la biodiversité locale.
Le régime colonial a également limité l’accès aux forêts pour les populations locales, privant les Algériens d’une ressource essentielle et réduisant les revenus des artisans locaux. En parallèle, une industrie de transformation du liège s’est développée, majoritairement au profit des colons qui contrôlaient les circuits économiques et les infrastructures.
L’histoire de l’exploitation du liège en Algérie illustre l’extraction systématique des ressources naturelles par la France et ses impacts dévastateurs tant écologiques que sociaux. Aujourd’hui, les efforts pour restaurer ces écosystèmes continuent, et la révélation de ces faits par l’APS rappelle une période sombre de l’histoire algérienne. Cette prise de conscience est cruciale pour aborder les défis environnementaux et économiques auxquels l’Algérie est toujours confrontée.